Symbole de la bonne santé des brasseries régionales, le syndicat des brasseurs alsaciens accueille cette semaine cinq nouveaux adhérents. Entretien avec Eric Trossat, président du syndicat.
Eric Trossat est président du syndicat des brasseurs alsaciens. (Crédits : Brasserie Uberach)
C'est encore trop peu, mais c'est une bonne nouvelle. Après une baisse de 30% de chiffre d'affaires en trente ans, l'économie brassicole alsacienne connaît depuis trois ans un léger mieux. "On a gagné quelques pourcents", reconnait Eric Trossat, président du syndicat des brasseurs alsaciens, qui regroupe désormais onze entreprises de la région avec le ralliement en début de semaine de cinq nouveaux membres. Selon le patron de la brasserie Uberach, la raison est à chercher du côté des nouvelles formes de consommation. "Les gens ont une nouvelle perception de la bière. On n'est plus dans une situation où on ne boit que des bières de soif, de celles que l'on ouvre en troisième mi-temps après le foot, ou sur un chantier."
De nouvelles entreprises toutes les semaines
Les bières dégustatives et artisanales sont encore anecdotiques dans le volume de vente - 3% en France - et "les chiffres derrière la virgule" en Alsace, mais elles ont su se faire une place, pour le bonheur des petites brasseries. Pour l'instant, il y a une quarantaine d'établissements dans la région, même s'il est difficile d'en tenir le compte précis. "En France comme en Alsace, il se crée de petites structures toutes les semaines", explique le président du syndicat.
Le regard a également changé : "Il y a vingt ans, les acheteurs se demandaient ce que c'était que ces bières troubles, non filtrées, avec une drôle d'étiquette. C'est sans doute plus facile de se lancer aujourd'hui, le marché est plus ouvert", conseille-t-il.
De la place pour tous sur le marché
Même les grosses entreprises du secteur, comme Kronenbourg, Heineken, Licore ou Météor s'y mettent. "Quand quelque chose marche, on reste rarement seul sur le marché", indique Eric Trossat, avec compréhension. "Alors bien sûr, ce que l'on fait en un an, ils le font en une heure, mais il y a encore de la place pour tout le monde, on ne se vole pas la clientèle."
Selon le président du syndicat, si la plupart des brasseries alsaciennes s'en sortent financièrement, une augmentation de 10% de la consommation pourrait tout changer. "On produirait deux millions d'hectolitres en plus, ce n'est pas négligeable." Car il le reconnaît, le secteur ne récupérera pas le niveau d'il y a trente ans. "Il ne faut pas rêver, la situation est différente, on boit moins et mieux." Aujourd'hui, plus de la moitié de la production française est orginaire d'Alsace, "une production de plus de 10 millions d'hectolitres", l'unité de mesure de référence.
Pierre-Antoine Lefort