Hier, Ségolène Royal crée la polémique sur la date de fermeture de Fessenheim. Aujourd'hui, la ministre de l'Ecologie précise ses propos. Elle affirme que le processus de fermeture de la centrale nucléaire de Fessenheim sera "engagé dès l'année prochaine".
"Comme je l'ai dit hier, à partir du moment où deux nouveaux réacteurs vont ouvrir, deux vieux réacteurs devront fermer à l'échéance butoir de 2018, ce qui veut bien dire qu'il faudra dès l'année prochaine engager ce processus en respect des personnes, en respect des territoires", a-t-elle déclaré.
"Je vais signer l'arrêt de Fessenheim au plus... par francetvinfo
Selon France Info, Nicolas Sarkozy, président des Républicains et François Fillon, ancien premier ministre sous Nicolas Sarkozy, ont rebondi sur ce cafouillage en annonçant en fin de journée qu'ils casseraient le décret de fermeture de la centrale s'ils étaient élus en 2017.
Info @franceinfo : Fermeture de #Fessenheim : si élus @NicolasSarkozy et @FrancoisFillon casseront le décret http://t.co/zHBUUq54BJ
— France Info (@franceinfo) 9 Septembre 2015
Mardi, en marge d'une visite à Strasbourg pour inaugurer la première station d'épuration à produire du gaz de ville, la ministre de l'Ecologie a semé le doute quant à la fermeture de la centrale nucléaire de Fessenheim prévue d'ici 2017.
Aux journalistes qui l'interrogeaient sur les conséquences pour Fessenheim du report de l'ouverture de l'EPR de Flamanville, Ségolène Royal a expliqué que la loi prévoit un plafonnement de la production d'énergie nucléaire. "Ce qui veut dire que quand Flamanville ouvrira, Fessenheim devra fermer. Donc Flamanville va ouvrir d'ici à 2018. Et donc en effet, Fessenheim devra fermer", avait-elle admis.
Des propos qui ont fait réagir les politiques de gauche et des Verts ainsi que les associations environnementales.
Hier, en fin d'après-midi, la ministre a tenté de mettre fin à la polémique naissante.
La fermeture de Fessenheim n'est pas reportée, elle doit être organisée dans le cadre de la nouvelle loi. Il n'y a aucun sujet de polémique.
— Ségolène Royal (@RoyalSegolene) 8 Septembre 2015
J'ai bien noté les réactions concernant Fessenheim.Ce sujet ne prête pas à polémique. La loi #transitionenergetique apporte les solutions.
— Ségolène Royal (@RoyalSegolene) 8 Septembre 2015
Par ailleurs, une source gouvernementale a assuré peu après que la fermeture de Fessenheim "d'ici à la fin du quinquennat reste l'objectif".
Le mal est fait. Depuis hier, associations de défense de l'environnement et politiques de tout bord réagissent vivement à cette annonce.
Emmanuelle Cosse, secrétaire nationale de EELV, apostrophait ce matin le président François Hollande.
.@fhollande M. le Président, la sécurité de nos concitoyens ne peut attendre 2018. Fermez immédiatement #Fessenheim ! http://t.co/0RsJDvUnFF
— Emmanuelle Cosse (@emmacosse) 9 Septembre 2015
Europe Ecologie Les Verts invite aussi les citoyens à "interpeller" François Hollande en envoyant massivement ce tweet au président.
400 personnes ont déjà signé la pétition réclamant la fermeture de #Fessenheim. Et vous ? http://t.co/FiG0HT2Z8b pic.twitter.com/79ZTjg2nQD
— EÉLV (@EELV) 9 Septembre 2015
La déclaration a également fait bondir les associations environnementales.
Greenpeace s'inquiète ainsi de l'annonce à quelques mois de la Conférence des Nations unies sur les changements climatiques à Paris (COP21).
En reportant la fermeture de Fessenheim, @fhollande trahit une nouvelle promesse de campagne. Mauvais signal à quelques mois de la #COP21
— Greenpeace France (@greenpeacefr) 8 Septembre 2015
Pour le Réseau Sortir du nucléaire, le gouvernement "s'asseoit sur la sécurité".
#Fessenheim : le gouvernement s'assoit sur sa promesse de campagne et sur la sécurité http://t.co/Lbt6snshoj pic.twitter.com/C3BheEvAJn
— Sortir du nucléaire (@sdnfr) 8 Septembre 2015
Contacté, André Hatz, porte-parole de l'association Stop Fessenheim, a également réagit à cette annonce.
"J'ai eu une réaction de colère plus que de surprise. [...] Il faut que Ségolène Royal prenne le courage de signer le décret de fermeture de la centrale. Elle a le mérite de s'être construit un outil extraordinaire avec la loi de transition énergétique, qui, du fait de la diminution de la part du nucléaire dans la production d'électricité en France de 75% à 50%, impose la fermeture de vingt réacteurs en dix ans, soit deux par an, si on commence dès maintenant. Qu'attend-t-elle pour fermer les deux réacteurs de Fessenheim ?"
Après ce brouhaha, soyez claire, Mme @RoyalSegolene ! Signez IMMÉDIATEMENT le décret de mise à l'arrêt de #Fessenheim avec le calendrier.
— AndreHatz (@AndreHatz) 9 Septembre 2015
(Lire l'interview dans l'édition du journal de demain)
D'autres renvoient à la promesse du président, formulée lorsqu'il était candidat (l'engagement n°41 de fermer la centrale fin 2016) et reprise en mars dernier où il assurait que cette fermeture aurait lieu "à l'horizon de la fin du quinquennat".
Pascal Durand, député européen Europe Ecologie Ile-de-France et ex-secrétaire national d'EELV, s'est fendu d'un tweet sur les promesses non tenues du président.
Quand un ministre fait passer le Président de la République pour un menteur, quel crédit reste-t-il aux deux? #Fessenheim
— Pascal DURAND (@DurandEELV) 8 Septembre 2015
Même son de cloche pour l'ancienne ministre et députée Europe Ecologie Les Verts, Cécile Duflot.
Fessenheim fermée en 2018 (ou pas)... de la parole présidentielle (ou pas) #quandlespoulesaurontdesdents pic.twitter.com/H9gvgFKFEN
— Cécile Duflot (@CecileDuflot) 8 Septembre 2015
Ainsi que pour Sandrine Bélier, députée européenne Europe Ecologie du Grand Est.
Fermeture de #Fessenheim en 2018? Ce n'est pas sérieux! Il en va de la crédibilité de la parole présidentielle... http://t.co/macmuVGl6w
— Sandrine Bélier (@sandrinebelier) 8 Septembre 2015
Jean-Luc Mélenchon, co-fondateur du Parti de gauche, s'interroge également. "Pourquoi croire à la nouvelle promesse de François Hollande alors qu'il ne sera même plus là pour l'appliquer en 2018", énonce-t-il sur son blog. Il appelle à un référendum sur le nucléaire.
#Fessenheim fermera-t-elle un jour ? Il faut un référendum sur le nucléaire ! ➡️http://t.co/aFRLp1d2Au pic.twitter.com/IANT7uyFGB
— Jean-Luc Mélenchon (@JLMelenchon) 8 Septembre 2015
Certains préfèrent relativiser, à l'instar de Nicolas Hulot qui a plaidé aujourd'hui au micro d'Europe 1, pour que les centrales nucléaires soient fermées "non pas sur un calendrier au forceps" mais en fonction des critères de "sécurité", estimant que "ce n'est pas le moment de relancer une polémique" sur Fessenheim.
"Les conséquences d'un échec de #COP21 ? Des centaines de milliers de victimes. Plus on attend..." @N_Hulot #E1matin pic.twitter.com/qCS6i9X9v1
— Europe 1 (@Europe1) 9 Septembre 2015
La déclaration de Ségolène Royal a dépassé les frontières.
La ministre allemande de l'Environnement, Barbara Hendricks, s'est ainsi dite "très déçue" et a rappelé s'être adressée à plusieurs reprises à Ségolène Royal "pour plaider pour un arrêt le plus rapide possible de cette vieille centrale".
Mise en service en 1977 avec deux réacteurs de 900 mégawatts chacun, Fessenheim est la plus vieille des centrales nucléaires de France.
Estelle Pattée