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Listes transnationales : le Parlement inflexible face à Macron


08 février 2018

Le Parlement européen a approuvé mercredi la nouvelle répartition des sièges pour les élections de 2019. Le principe des listes transnationales, mesure phare du projet, a en revanche été rejeté. Un revers pour Emmanuel Macron.

C’était un vieux rêve des fédéralistes. Les 73 sièges libérés par la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne devaient permettre de le mettre en œuvre. Le Parlement européen en a décidé autrement en rejetant la proposition d'introduire une dose de listes transnationales dans les élections européennes de 2019.

Le projet était de réutiliser 27 des sièges britanniques pour créer une vingt-huitième circonscription, à l’échelle européenne. La mesure recevait un large soutien à gauche, où l’on y voyait un symbole fort. « Nous avions une opportunité fantastique d’avoir un Parlement plus juste, avec une meilleure représentativité européenne », estime le Portugais Pedro Silva Pereira (S&D, sociaux-démocrates), l’un des deux rapporteurs du projet. « Les campagnes européennes ont souvent une couleur très nationale, déplore Philippe Lamberts, co-président du groupe des Verts au Parlement. Des listes transnationales européaniseraient l’élection. Elles obligeraient les familles politiques à tenir un discours cohérent à travers tous les pays. »

Ce mode de scrutin s'est heurté à une nette opposition du PPE (centre-droit), majoritaire dans l’assemblée. « Je dois savoir qui m’élit, soutient Manfred Weber, le président du groupe de centre-droit. Les listes transnationales nous éloignent de cela. Je crois en une union fédéraliste, avec des députés en lien direct avec la population locale. » Même la rapporteure du PPE, la Polonaise Danuta Hübner, s’est opposée à la mesure.

L’esprit européen revendiqué par les défenseurs du projet dérange toujours autant les conservateurs. « Dire que ces listes créeraient une conscience supra-nationale, c’est croire à la magie, a ainsi tonné le Hongrois György Schöpflin (PPE) avant le vote. Si ces listes voient le jour, nous aurons 27 députés qui n’auront de comptes à rendre à personne. »

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En s'opposant massivement, le PPE a empéché l'adoption de la mesure. ©Quentin Monaton

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