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Pour la première fois, un club de culture magyare a remporté la Coupe de football de Roumanie. Une victoire permise par les subventions massives du leader hongrois Viktor Orbán, qui étend son soft power et excite les passions nationalistes au-delà des frontières de son pays.
D’autres font le pari, plus osé, de valoriser le patrimoine industriel. Catalin Cenusa a fait partie des derniers ouvriers de la mine de Petrila, fermée en 2015. Mais lorsqu’il fait visiter le site, c’est avec une casquette Planeta Petrila sur la tête, du nom de l’ONG qu’il a fondée et surtout du combat que lui et d’autres ont mené pour préserver les bâtiments après leur fermeture. Les sept bâtiments de la mine sont maintenant inscrits au patrimoine industriel roumain, mais l’ONG voudrait un soutien des pouvoirs publics pour mener à bien ses projets de réhabilitation. « Si on n’a pas d'argent, le bateau va couler », confie Ina Berar, vice-présidente de l’organisation. Elle se montre sceptique : « Le tourisme va sûrement se développer, mais je ne suis pas sûre que ce soit suffisant pour les gens ici. »
Redynamiser la vallée
La part du secteur dans les revenus des communes n’excéderait pas 15 ou 20 %, d’après les estimations de Vasile Jurca, maire de Petrila. Et le travail disponible pour les riverains serait forcément limité. Il y a bien eu des baisses d’impôts locaux pour attirer les entreprises, mais celles qui sont venues ont surtout implanté leurs quartiers généraux ici et non des lignes de production créatrices d’emplois. Croisé à l’université de Petroșani, Alexandru Chiuda est étudiant en systèmes informatiques. À 23 ans, il a envie de rester là où il a grandi : « Nous pourrions installer de nouvelles industries, mais il faudrait d’abord attirer des investissements. » Il sait qu’en l’état, il aura peu d’opportunités ici. La plupart de ses camarades désirent s’en aller et ses propres parents lui conseillent de faire de même
Les habitants comme les élus placent leurs espoirs sur d’hypothétiques investissements européens. L’eldorado du tourisme, dans toutes les têtes, est déjà plus concret, mais il reste encore beaucoup à faire. Et même si tous les projets touristiques se réalisent, ils ne sont pas sans risque. La probabilité semble réelle de créer de nouvelles inégalités, entre les touristes et ceux qui en profitent en haut de la vallée et les populations les plus défavorisées, restées en bas.
Geraud Bouvrot et Lorela Prifti
« Venez avec moi, je vous emmène au paradis », Florin Govor, 40 ans, est intarissable sur la beauté de sa vallée. Depuis les hauteurs de Pasul Vâlcan (1 300 m), la station de ski où il a investi cette année, le passé industriel de la région paraît déjà lointain. Les mines et les cheminées des centrales thermiques ne représentent qu’un sillon grisâtre au milieu d’un océan de verdure, encore couronné, en ce mois de mai, de montagnes enneigées.
« Je ne vois que le tourisme pour redynamiser le coin. Avec de petites usines peut-être. » Comme exemple réussi, Florin a pris la station voisine de Straja, développée à la fin des années 1990. Aujourd’hui, 120 000 touristes s’y rendent tous les ans, roumains comme étrangers, et leur venue rejaillit sur l'hôtellerie. Outre le ski l’hiver, les sportifs profitent des pistes de randonnée et du vélo de descente le reste de l’année. Ce « far east européen » séduit même certains occidentaux comme Damien Gendron. Ce frenchie qui bosse dans la com’ s’est installé ici en 2021, en mode digital nomad, et souhaite lui aussi faire connaître les environs. Mais qu’il s’agisse de télétravail ou de sports d’hiver, une chose est sûre : il s’agit d’activités de niche.