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C’est dans un funeste climat, une semaine tout juste après les séismes catastrophiques survenus en Syrie et en Turquie que s’est ouverte cette plénière de février. Une pesante atmosphère renforcée par l’approche de l’anniversaire de la guerre en Ukraine et l'ombre du Qatargate qui plane toujours sur le Parlement en quête de réformes. S'y est ajouté l’érosion de l’État de droit en Grèce liée à un scandale d’écoutes téléphoniques.
Des actualités fortes qui ont marqué l’emploi du temps des parlementaires. En plus d’afficher leur solidarité aux victimes des tremblements de terre et de la guerre, les eurodéputés ont soutenu l'aide humanitaire vers la Syrie et la Turquie, et l'aide financière et militaire à Kyiv. L'hémicycle a tenté ainsi de trouver des positions communes. Avec un résultat mitigé en raison des désaccords des diverses sensibilités politiques. Ceux-ci se sont illustrés par les polémiques lancées autour de l'adhésion accélérée de l'Ukraine à l'UE et par les prises de parole sur la convention d’Istanbul, texte majeur dans la lutte contre les violences faites aux femmes, dont la ratification par l’UE se fait toujours attendre.
Au-delà de ces actualités, l'institution a tenu à maintenir ses ambitions climatiques. Elle a approuvé la fin des moteurs thermiques pour 2035. Sur cette même lancée, elle a également officialisé la course à l’industrie décarbonée avec les États-Unis. Enfin, Christine Lagarde, présidente de la Banque centrale européenne a défendu devant les eurodéputés sa politique de redressement des taux directeurs.
Alors qu’il y a un an, notre monde nous promettait de ne plus jamais être comme avant avec le début de l’invasion russe en Ukraine, l’Union européenne se recentre aujourd'hui sur ses valeurs et cherche à s’adapter.
Océane Caillat
Douze mois se sont écoulés depuis l’invasion russe en Ukraine. Dès le début, les Alsaciens ont fait preuve de générosité en multipliant les dons. Une solidarité qui perdure, mais différemment.
Dans le cabinet de Yegor Boychenko, avocat au barreau de Strasbourg depuis 2015, ce ne sont pas les piles de dossiers qui interpellent, mais les cartons de médicaments entassés dans la salle. « Les premiers mois, je ne pouvais même pas rentrer dans la pièce ! Je devais vider les cartons tous les deux jours, les mettre dans ma voiture, et enchaîner les allers-retours », s’amuse l’Ukrainien. Tout sourire, il adopte un ton plus grave lorsqu’il évoque le moment où il a appris que son pays entrait en guerre. Le 24 février, la Russie envahissait l’Ukraine afin d’y mener « une opération militaire », selon le président Vladimir Poutine.
« J’ai pris connaissance de la situation à la radio, le matin même. Tout de suite, j’ai eu le réflexe d’appeler mes proches à Kharkiv, à l’est du pays. » Installé en France, Yegor Boychenko prend rapidement l’initiative de collecter des médicaments destinés à son pays natal. Un an après ces envois massifs, il continue de recueillir des pansements et des protections pour les soldats et les civils. Il ne le cache pas, la solidarité existe toujours, mais elle est moindre. « Il y a une baisse de volume, c’est indéniable. Je pense qu’il y a une fatigue liée à cette guerre, tout le monde veut qu’elle se termine. »
« Garder un lien culturel » avec l’Ukraine
La solidarité passe aussi par l’éducation. L’association européenne École ukrainienne à Strasbourg, une structure périscolaire qui propose des cours et activités culturelles, n’a pas hésité à intégrer les enfants réfugiés. « Avec l'invasion de l'année dernière, nous voulions permettre à de nombreux réfugiés de garder un lien culturel avec leur pays », insiste Olga Vavrynchuk entre deux audiences au tribunal judiciaire de Strasbourg.
L’Ukrainienne d’origine a une double casquette : directrice de l’association, et avocate. Si son emploi du temps est millimétré, elle se mobilise sans compter pour son pays. « Je suis arrivée à Strasbourg en 2004 pour suivre mon mari. Mais dès que la guerre a commencé, j’ai accueilli une bonne partie de ma famille chez moi, comme tous les Ukrainiens qui vivent ici », explique-t-elle.
Les associations strasbourgeoises se sont mobilisées dès le début du conflit, mais l’effervescence des dons est passée, poussant les actions solidaires à se réinventer. Relai du Secours catholique, Caritas Alsace a lancé sa distribution moins d'un mois après l'invasion, le 14 mars. « Nous nous sommes appuyés sur 80 équipes territoriales en Alsace. Elles ont soutenu des associations ukrainiennes, ainsi que les pays limitrophes (Pologne, Ukraine) », souligne Gautier Traber, chargé de communication.
« D’autres événements nécessitent notre soutien »
Rapidement, la cause connaît un retentissement notable. Au 30 juin, plus de 250 000 euros sont recueillis par l’antenne alsacienne, sur les six millions d’euros rassemblés par le Secours catholique. « On ne s’attendait pas à une ampleur pareille. Quand il s’agit de l’Ukraine, il y a toujours une émotion très forte. Mais d’autres événements nécessitent aussi notre soutien, comme récemment à la suite des séismes en Turquie et en Syrie, où une cagnotte a été lancée ». Sur le site Internet, la structure évoque bel et bien un bilan chiffré de l’aide vis-à-vis de l’Ukraine, mais la première page s’attarde sur les tremblements de terre subis par Syriens et Turcs.
À l’échelle individuelle, des initiatives émergent encore sur les réseaux sociaux. Le groupe Facebook « Solidarité Ukraine : j’accueille les réfugiés » compte quasiment un millier de membres volontaires. Dans toute la France, des particuliers proposent leur logement comme pied-à-terre. Les requêtes proviennent également d’immigrés ukrainiens qui cherchent un toit. La fréquence des publications n’est pas quotidienne, mais la communauté prend soin de réagir à chaque sollicitation.
Comme d’autres Ukrainiens avec lesquels elle est en contact, Olga Vavrynchuk invite les Strasbourgeois à manifester place du château le 24 février, marquant la première année de l’invasion russe.
Milan Busignies & Charlotte Thïede
Edité par Camille Gagne Chabrol & Juliette Vienot de Vaublanc
50 000. C'est le nombre de pompiers volontaires qui manquent à la France, estime la Fédération des sapeurs-pompiers volontaires en 2021. Cette carence s'est particulièrement fait sentir cet été, marqué par de gigantesques feux en Gironde et en Bretagne, qui risquent de se répéter dans les années à venir avec l’aggravation du réchauffement climatique. Les pompiers non-professionnels sont pourtant essentiels au bon fonctionnement des casernes puisqu'ils représentent 80 % des effectifs sur le territoire. Certains s'engagent, souvent par passion, parfois par défi, mais jamais à la légère.
« Moi, ce que j'aime, c'est le fait d'aider les gens, l'esprit de corps, le feu, l'adrénaline. » L'adrénaline et le feu, Arthur*, 23 ans, les connaît particulièrement bien. Ce Landais a vu les flammes grignoter sa forêt peu à peu cet été, après avoir envahi la Gironde voisine. Il est prêt depuis ses 14 ans, et il aimerait que plus de personnes partagent « ce rêve de gosse ». Dans sa caserne, « on manque cruellement de recrues, comme partout en France ». Les volontaires se font rare, à tel point que le bâtiment doit fermer certains jours, faute de personnel pour assurer le service. « Les casernes d'à côté dépannent, mais les délais sont beaucoup plus long pour les interventions », déplore-t-il.
« Je vis, je dors, je mange pompier »
Bouche à oreille, fêtes de village, posts Instagram ou Facebook, tous les moyens sont bons pour recruter. A Feneu, à quelques kilomètres d'Angers, une banderole ne quitte jamais le portail de la caserne de Benjamin. Dès qu'il passe devant, le jeune homme repense au serment qu'il a pris il y a 8 ans et qu'il n'a jamais abandonné depuis. Même lorsqu'il est en repos, il ne peut s'empêcher de passer une tête à la caserne pour dire bonjour à ses collègues. « Je vis, je mange, je dors pompier. Il faut que la famille suive, sinon c'est quasiment impossible de s'engager », déclare le fanouin de 25 ans.
A son plus grand bonheur, sa compagne comprend parfaitement ce lourd engagement qui demande plus de dix heures par semaine : elle est, elle-aussi, pompier-volontaire. Mais le couple aspire tout de même à plus de repos. Aujourd'hui, la caserne tourne avec 26 personnes. Il en faudrait dix de plus selon Benjamin.
La passion des camions rouges
« Moi je n'ai pas du tout la passion des camions rouges comme les petits garçons », s'esclaffe la caporal cheffe Capucine, qui n'a pas été piquée par la passion pompier dès son enfance au contraire d'Arthur et Benjamin. Pourquoi s'est elle engagée à Rouen ? « C'est une très bonne question, et je ne sais pas vraiment y répondre. Je crois que c'est par curiosité et pour me prouver que j'en étais capable ».
Cette aide-soignante en bloc opératoire précise qu'il ne faut pas avoir peur du sang, ni avoir le vertige et être en bonne condition physique pour relever le défi. Beaucoup de conditions à remplir pour un simple engagement associatif.
« Si on était mieux payé, ça attirerait beaucoup plus de monde », affirme avec conviction Léa, qui s'est engagée à Royan avant de déménager dans le Maine-et-Loire. La jeune femme travaille en tant qu'agente de télésurveillance en plus de son activité bénévole. Elle ne peut donc pas se porter volontaire pendant la journée. « 50 centimes par heure quand on se rend disponible la nuit, ce n'est pas beaucoup », regrette la jeune femme, à qui il est déjà arrivé d'avoir à partir travailler trois heures seulement après une grosse intervention, tôt le matin. Les indemnisations vont de 8,36 € à 12,58 € par heure, selon le site Légifrance.
Pour pallier le manque de volontaires, le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a déclaré, lors du congrès national des sapeurs-pompiers à Nancy en septembre, vouloir créer un nouveau statut pour les soldats du feu volontaires afin defaciliter leur engagement. Objectif des cinq prochaines années : disposer de 20 000 volontaires supplémentaires.
*le prénom a été modifié
Clémence Blanche
Édité par Matei Danes