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Au Dacip, Mélissa s'entraîne lors d'un test en ligne. Sithana l'accompagne et la motive.
Mélissa, 18 ans, est à quelques jours de passer son concours de gendarmerie. Elle raconte comment elle en est arrivée là, avec l'aide du Dacip.
La crèche Léo et Léa est à quelques mètres du forage, dont la tour est visible bien visible depuis leurs fenêtres./Marie Dédéban
Le Dispositif d’accompagnement collectif et individuel de proximité (Dacip), au Ziegelwasser, accompagne chaque année 80 jeunes vers l’emploi ou la formation. Nominé au concours national S’engager pour les quartiers, il se rendra dans un mois à l’Assemblée nationale pour la remise des prix. En attendant, la structure poursuit son travail de terrain, comme avec Mélissa, 18 ans, qui voudrait devenir gendarme.
Le Dacip, ça commence dans la rue. «On rôde dans le quartier, on repère les jeunes qui traînent dehors», explique Sithana Somphouchanh, animateur au centre socioculturel du Neuhof, auquel se rattache le Dacip. Il les appelle les «perdus de vue», ceux qui sont «sans diplôme, sans revenus». «Avec eux, il ne faut pas que ce soit institutionnel, ils savent pas ce que c’est un rendez-vous», souligne l’animateur. «Regarde», montre-t-il sur son ordinateur. «Hier soir, j’ai un jeune qui vient, qui me dit « demain, j’ai un rendez-vous pour un taf», il m’a montré son CV, c’était pas présentable. Là, je lui fais, il vient tout à l’heure le récupérer», raconte Sithana.
Coaching mental et physique en salle de sport, théâtre d’impro «pour travailler l’oral et la confiance en soi», ou encore d’ateliers cuisine et maraudes pour en distribuer les préparations: les activités se font régulièrement avec des chefs d'entreprise. «L’idée c’est de casser l’image du patron blindé», explique Sithana. Le Dacip, nominé au concours national S’engager pour les quartiers, s'appuie sur un réseau d'entreprises et c'est l’une de ses forces : chaque trimestre, des jeunes sont pris en formation, et lorsque c’est concluant, obtiennent un contrat.
« Comme tout le monde, vous avez des qualités ! »
Le parcours de trois mois prévoit aussi un séjour de retrait, « pour les sortir de leur quartier ». « On vit avec eux, cela permet de mieux travailler avec eux. Ils s’occupent des tâches ménagères, des veillées, de la cuisine. C’est pour leur dire : comme tout le monde, vous avez des qualités! » Mais l'accompagnement varie selon les profils. « Ceux qui ont 16 ans qui ont arrêté l’école, on va pas les mélanger avec des mecs de 25 qui sortent de prison, illustre l’animateur. On fait en fonction des besoins. » « L’important c’est qu’ils aient confiance en nous, et en eux surtout.»
Augustin Campos
La lancinante question du bruit
Reste le problème du bruit. Côté parc d’Innovation, ni Martine Meyer, ni Aline Stantmann, co-directrice de la salle de sport Fit’n Well, ni même Marine Gary, directrice de la crèche Léo et Léa ( pourtant située à quelques mètres à peine du forage), n’ont détecté le moindre bruit.
Dans le quartier des Ormes, en revanche, c’est une autre chanson. « Dans la journée c’est imperceptible, reconnaît Danièle. Mais le soir, à partir de 19 heures, quand le quartier est plus calme, on n’entend que ça. »
« On pourrait dire que oui, il suffit de garder les fenêtres fermées. Mais à cette période où il fait encore doux, on apprécie d’être dans la jardin. Et puis je l’entends quand même dans ma veranda », argumente Chantal.
Emmanuel Bachmann, lui, déclare qu’aucune plainte à ce sujet n’a été rapportée à la mairie.
Pourtant, en signant l’arrêté préfectoral du 21 septembre, le maire d’Illkirch s’est porté exécuteur dudit arrêté. Or, l’article 8 est clair : « Des mesures de niveaux sonores seront réalisées avant le démarrage des travaux pendant les périodes diurnes et nocturnes à proximité des habitations les plus proches du site afin de déterminer le bruit de fond local. Des mesures de contrôle des niveaux sonores seront réalisées dès le démarrage des travaux. »
« Je ne sais pas quelle est l’intensité de ce bruit, ni s’il a été mesuré », affirme Emmanuel Bachmann, qui indique que les tests seraient réalisés «en cas de plaintes». Dont acte.
Marie Dédéban et Clémentine Rigot
Des riverains partagés
Danièle et Chantal, elles, ne décolèrent pas. « On ne sait rien, personne n’est venu nous dire ce que ça pouvait nous apporter, ou les risques éventuels », s’indigne Danièle. « En lisant l’article dans Infograff, renchérit Chantal, je pensais que le forage serait beaucoup plus loin des habitations. »
Les deux voisines se sentent laissées-pour-compte. Et lorsqu’on évoque avec elle les nombreuses réunions publiques, elles haussent les épaules. « De toute façon, qu’on y aille ou pas à ces réunions, tout est déjà décidé à l’avance », clame Chantal, résignée. « Ce qu’il aurait fallu, ce sont des gens qui viennent, qui sonnent aux portes, qui nous expliquent tout, ou nous laissent quelque chose dans la boîte aux lettres », revendique Danièle.
Une demande de proximité qui semble irréalisable pour la Ville comme pour l ‘Eurométropole. « Il faut tenir compte des réalités politiques d’aujourd’hui », avance la représentante de l’Eurométropole. « On ne va pas faire du porte-à-porte à chaque fois que l’on a un projet », renchérit Emmanuel Bachmann. « Vous savez, les gens ne s’intéressent qu’à ce qui se trouve devant leur porte », déplore Bernard Kempf.
Alain Blaudez, lui, s’y est intéressé. Il y a trois ans, lors de l’enquête publique. Il a saisi l’opportunité de rencontrer l’enquêteur public, pour questionner l’Eurométropole sur la redistribution de l’énergie produite. « Je voulais savoir quelles habitations allaient bénéficier de cette énergie verte », explique-t-il. Depuis, c’est au travers de la presse qu’il en a appris davantage sur le sujet. « C’est vrai que je n’ai pas eu de réponse précise à ma question, reconnaît-il. Mais je les comprends, ce n’est pas évident d’avoir toutes les informations à ce stade du projet. »
En revanche, de l’autre côté de la route du Rhin, le parc d’Innovation s’estime suffisament informé. « La communication avec la Ville d’Illkirch et ES Energie c’est très, très bien passée, déclare Martine Meyer, responsable du parc. Nous avons eu et nous avons encore des réunions régulières, autour des avancées du projet, et nous avons été associés au comité de pilotage, mis en place par la préfecture. »
Estimée à 35 milliards de m3 d’eau et située à 4,12 m sous le sol du site, la nappe phréatique fait l’objet d’un contrôle constant.
Pour éviter tout risque de contamination, ES Energie a mis en place des tuyaux en triple tubage. Franck Lahaie connaît bien cette technique. « Les puits sont revêtus de tubages en acier cimentés aux terrains, explique-t-il. Le terme de « triple tubage» signifie que sur certaines sections du puits, notamment près de la surface, celui-ci est recouvert de trois tubages, ce qui permet une triple protection contre le risque de fuite latérale. »
Autre problème, l’eau du réservoir géothermique a un taux de salinité supérieur aux autres sites d’Alsace. Elle pourrait donc altérer plus rapidement le matériel géothermique, et contaminer la nappe. Pour éviter cela, ES Energie s’est engagé, sur recommandation de l’enquêteur public, à contrôler ledit matériel tous les cinq ans au lieu de tous les dix ans.
Alain Schwartz, président d’Alsace Nature, se dit confiant quant aux mesures de protection autour de la nappe phréatique. Mais il dénonce la façon dont ES Energie entend exploiter le site. « Si on extrait trop vite, le réservoir d’eau chaude va se refroidir, explique-t-il. Si on extrait la chaleur plus vite que la terre peut en produire, ce n’est pas viable sur le long terme. Les promoteurs ne prennent pas ça en compte, pour le moment. Ils vont vider la chaleur pendant une durée de rentabilité, puis, stratégiquement, ils vont faire de nouveaux forages plus loin. Mais c’est très couteux et ça représente un risque pour la nappe phréatique. »
Pour Franck Lahaie, ce phénomène de « bulle froide » est en réalité inévitable. « La durée de vie d’un doublet géothermique est généralement de 30 ans, mais peut aller jusqu’à 50 ans, voire plus. Lorsque la « bulle froide », c’est à dire l’eau « froide » réinjectée, atteint le puits de production, l’exploitation peut ne plus être rentable, mais cela intervient dans la plupart des cas après le retour sur investissement. L’espacement entre les deux puits (production et injection) est calculé pour que la bulle n’arrive pas trop tôt et que la ressource soit maintenue le plus longtemps possible. »
Trop souvent, le terme de « centrale géothermique » suscite dans la mémoire collective alsacienne des images de failles sur les maisons, de routes déformées, de microséismes… Les incidents de Bâle et de Lochwiller ont marqué la région.
« C’est inadmissible et inacceptable ce qui s’est passé à Lochwiller », s’insurge Bernard Kempf. Le forage a été «initié sans demande d’autorisation préalable, sans étude préalable des sols», relève le rapport d'enquête public sur le forage illkirchois « A Lochwiller, détaille Franck Lahaie, on est dans un contexte de géothermie de surface [et pas de géothermie profonde comme à Illkirch], avec des formations sensibles à l’eau très proches du sol. Il y a eu une infiltration accidentelle de l’eau dans ces formations, qui ont conduit aux fissures qui ont été observées là-bas. »
Le sol de l’Eurométropole ne présentant pas les mêmes caractéristiques que celui de Lochwiller, ce type d’incident ne devrait normalement pas se produire.
Pour ce qui est de la centrale de Bâle, en Suisse, c’est la création de réservoir par fracturation qui a engendré de fortes secousses sismiques. Une technique qui n’est pas employée en Alsace, comme explique Franck Lahaie : « En Alsace, les réservoirs géothermiques sont naturellement fracturés, donc on n’a pas besoin de créer de nouvelles fractures. »
Marie Dédéban et Louay Kerdouss