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Émile Clerc a, sans le savoir, une page Wikipédia à son nom, mais qu'importe. Ce haut-savoyard de 82 ans est la pudeur et l’humilité incarnées. Il a passé sa vie à demander aux autres de le laisser vivre en paix, naviguant 35 ans sur les mers et les océans. La seule personne qu’il pouvait supporter: sa femme Michelle. Il compte deux tours du monde à son actif, le premier avec sa femme, le second seul. Michelle a dû rentrer pour se soigner. Un cancer l’a emportée après 20 ans de combat.
Émile, dit Milo, a deux passions : la voile et l’aviron. Il a exercé le métier de pêcheur sur le lac Léman pour pouvoir s’offrir le rêve de partir sur son bateau, le Méli-Mélo. Il a appris à ramer sur son « you-you » pour finir sur un skiff. Rameur reconnu, il a participé à trois Jeux Olympiques; une médaille d’argent aux Championnats du monde en 1962 à Lucerne, une autre aux Championnats d’Europe en 1956 à Bled et une médaille de bronze aux Championnats d’Europe de 1961 à Prague.
Milo vit au rez-de-chaussée, presque la cave, de la petite maison de sa mère au bord du Léman. Un vieux poêle à bois lui sert de chauffage, la pièce est souvent enfumée. Émile possède deux vélos: « Un pour aller aux enterrements, le plus beau, et un autre pour aller aux poubelles. » Il aime s’appeler « le clodo des mers » et pendant ses voyages, il nourrissait de nombreuses personnes dans le besoin grâce aux poubelles. Après la pêche dans les eaux chaudes des Caraïbes, il donnait ses poissons aux plus démunis.
Émile est très difficile à apprivoiser, mais une fois que la machine est lancée, il devient un conteur captivant.

Margot Delévaux

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