12 février 2015
Dans une résolution votée jeudi à Strasbourg, le Parlement européen réclame une nouvelle fois à la Turquie de faire la lumière sur le scandale des fosses communes à Chypre. Les éléments relevés dans le village d'Ornithi portent à croire que les fosses communes y avaient déjà été visitées et que les dépouilles de 71 civils en avaient été intentionnellement exhumées par l'armée. Strasbourg réclame aujourd'hui qu'Ankara respecte le droit international humanitaire et les décrets de la Cour Européenne des Droits de l'Homme (CEDH).
En 1974, l'armée turque envahissait 40 % du territoire de la République de Chypre. Dans son sillon, des milliers de personnes sont expulsées de leur village et près de 2000 sont portées disparues. Depuis 40 ans le comité des personnes disparues à Chypre (CMP) s'attache à retrouver leurs traces. A l'heure actuelle, l'Union Européenne en est le principal financeur, sa contribution ayant été de 14,7 millions d'euros depuis 2006. Federica Mogherini, Haute représentante de l'Union pour les affaires étrangères et de la politique de sécurité a d'ailleurs fait savoir que l'UE poursuivrait ses efforts en attribuant au CMP 2,5 millions d'euros supplémentaires au budget 2015.
Néanmoins, malgré tous les moyens mis en place par la communauté internationale, la Turquie refuse toujours l'accès à ses archives, allant même, selon certains élus, jusqu'à exhumer les restes humains présents dans les fosses communes chypriotes dans le but d'effacer un maximum de traces des causes de décès.
Des identifications nécessaires à la réconciliation
Lors du débat qui s'est tenu à Strasbourg le 12 février, les députés européens ont massivement réclamé l'identification des corps, d'une part pour permettre aux familles des victimes de faire leur deuil et d'autre part pour faciliter la réconciliation des deux partis. Tous dénoncent une « grave violation du droit des familles à connaître enfin les conditions réelles de la mort d'êtres qui leur étaient chers ».
Plusieurs députés ont rappelé que la Turquie a signé la convention européenne des droit de l'Homme, et qu'elle reçoit régulièrement des aides financières de l'Union Européenne tout en refusant de payer aux familles des disparus les réparations exigées par la CDEH .
Alors qu'il est de plus en plus difficile d'éclaircir le sort des personnes disparues lors des événements de 1974, dû à l'amoindrissement des sources, le parlement européen demande donc à la Turquie de « cesser sans plus attendre de transférer des dépouilles provenant des fosses communes » et d' « autoriser l'accès aux zones qui ont été qualifiées de militaires si les éléments portent à croire que des sépultures de personnes disparues s'y trouvent ».
Audrey Altimare