Vous êtes ici

La Douma à Strasbourg


10 février 2015

Alexeï Pouchkov est un invité regulier de la commission des affaires étrangères du Parlement européen. Photo: Tsvetana Balabanova

La livraison d'armes à l'Ukraine ne pourrait qu'aggraver la situation actuelle, alors que l'initiative franco-allemande pour un nouveau plan de paix qui sera discuté mercredi à Minsk, est saluée par la Russie comme une possible résolution durable de la crise. C'est la position qu'a présentée lundi soir au Parlement européen Alexeï Pouchkov, président de la commission des affaires internationales de la Douma (l'assemblée nationale russe).

"Cette guerre peut se poursuivre pendant longtemps à un faible niveau d'intensité" mais elle peut également "s'étendre et commencer à représenter un problème considérable pour la sécurité européenne", a déclaré le parlementaire russe invité pour la réunion extraordinaire de la commission des affaires étrangères (AFET). Il a expliqué l'échec des accords signés en Biélorussie en septembre dernier par le fait qu'ils étaient violés des deux côtés et a souligné la nécessité d'un compromis politique urgent. D'après Pouchkov, le statut de l'est de l'Ukraine est une question clé pour la sortie du “statu quo”. “Donbass doit rester en Ukraine mais il est clair que la région ne pourrait pas garder le même statut... et c'est aux gens qui y vivent de prendre cette décision”, a affirmé le représentant de la Douma, qui est aussi professeur à l'Institut d'État des relations internationales de Moscou. Il a ajouté que si le cessez-le-feu du côté de Kiev est garanti par les pays européens, le Kremlin exercerait son influence sur les rebelles pro-russes.

« La Russie doit reconnaître son implication directe dans le conflit en Ukraine » et respecter le droit international et la souveraineté des autres pays, a déclaré de son côté le président de la commission AFET, l'allemand Elmar Brok (PPE). Si ces conditions sont observées, l'Union européenne est toujours prête à lever les sanctions imposées à Moscou. Quant aux ministres des Affaires étrangères de l'UE, ils ont adopté la liste noire réactualisée mais ont reporté sa mise en oeuvre pour la semaine prochaine afin de laisser les portes ouvertes à la diplomacie.

“Le Parlement européen souhaite de bonnes relations avec la Russie”, a conclu Elmar Brok, faisant écho au geste de Pouchkov qui a invité un groupe d'eurodéputés à Moscou afin de continuer le dialogue.

De nombreux parlementaires lui ont posé la question des garanties que Kremlin donnerait lui-même pour que le nouvel accord, s'il voit le jour, ne s'effondre pas comme le dernier. Toute l'attention est tournée vers Minsk, où aura lieu demain le sommet spécial entre les présidents russe, Vladimir Poutine, ukrainien, Petro Porochenko, français, François Hollande, et la chancelière allemande, Angela Merkel.

Tsvetana Balabanova

DÉLAI DE GRACE

Les ministres européens des Affaires Etrangères adoptent de nouvelles sanctions contre les personnalités russes et des séparatistes ukrainiens mais reportent leur application au 16 février.

Réunis à Bruxelles ce lundi 9 février, les 28 ministres des Affaires Etrangères de l'Union ont adopté des sanctions contre 19 personnes et 9 entités russes et ukrainiennes, mais décidé suspendre leur entrée en vigueur jusqu'au 16, "afin de laisser la marge aux efforts diplomatiques "a dit la Haute Représentante, Federica Mogherini. Les chets d'Etat et de gouvernement, a-t-elle précisé, apprécieront la situation lors de leur sommet du 12 février.

Ces sanctions font suite aux récents bombardements de la ville de Marioupol qui avaient fait 30 morts.  Mais selon la chef de la diplomatie européenne, la priorité numéro un de l'Union est d'aboutir à un cessez-le-feu d'urgence sur le terrain et à l'application de l'accord de Minsk, signé dans la capitale biélorusse en septembre dernier. Pour y parvenir, la chancelière allemande Angela Merkel et François Hollande devraient se retrouver mercredi à Minsk, afin de négocier un compromis avec  le président russe Vladimir Poutine et son homologue ukrainien Petro Porochenko.

Benjamin Hourtick

Imprimer la page