13 mars 2014
Le Parlement européen s’est «vivement» inquiété mercredi des récentes évolutions législatives et judiciaires de la Turquie, craignant qu’elle ne s’écarte de la voie de l’adhésion à l’UE.
L’adoption récente de législations restrictives sur internet, et le renforcement du contrôle étatique sur la nomination des magistrats, risquent de faire «dériver la Turquie de son cheminement» vers la réalisation des critères de Copenhague, pour son adhésion à l’UE. Cette inquiétude est au coeur du rapport adopté jeudi par les parlementaires. Le texte rappelle le partenariat stratégique entre la Turquie et l’Union européenne, et sa position intermédiaire entre l’Occident et les pays arabo-musulmans.
Le Parlement a exprime sa «vive préoccupation», face à l'évolution récente de la situation «en ce qui concerne les allégations de corruption de haut niveau», qui éclaboussent le gouvernement du Premier ministre turc Recep Tayyip Erdoğan, tout en regrettant le limogeage de procureurs et policiers chargés des enquête.
Pendant le débat en plénière, les eurodéputés ont notamment ciblé les violations de la liberté de la presse et la censure dans les médias turcs, qui éloignent la Turquie des principes fondamentaux d’un Etat démocratique. Ils ont aussi exprimé leurs préoccupations sur le recours disproportionné à la force par la police turque contre les manifestants pacifiques de Gezi Park en juin 2013.
«L’Union doit être un catalyseur s’agissant des processus de réforme en cours en Turquie» a affirmé lors de ce débat Dimitros Kourkoulas, secrétaire d’Etat grec aux affaires étrangères. Les parlementaires invitent donc le Conseil à préparer une feuille de route pour les chapitre 23 et 24 des négociations d'adhésion qui portent sur le pouvoir judiciaire et les droits fondamentaux, ainsi que sur la justice et les affaires intérieures. Ces chapitres devraient maintenir la pression de démocratisation sur la Turquie.
Pour le moment, «la Turquie s’est engagée à faire des reformes pour ses citoyens, pas pour nous» a déclaré Ria Oomen-Ruijten, l’eurodéputée néerlandaise (PPE), durant le débat, précédant le vote de son rapport.
En vue de «bâtir des relations de bon voisinage», le Parlement demande au gouvernement turc, de signer et de ratifier sans plus tarder La Convention des Nations Unies sur le droit de la mer. Il rappelle la légitimité de la zone économique exclusive de la République de Chypre. Il encourage également la Turquie et l’Arménie à normaliser leurs relations diplomatiques et à ouvrir la frontière.
La résolution a été adoptée par 475 voix pour, 153 voix contre et 43 abstentions.
Neyran Elden