12 mars 2014
Les parlementaires européens ont fait un pas de plus vers la transparence du système financier en se prononçant mardi pour un renforcement des règles visant à lutter contre le blanchiment d'argent. Les députés espèrent maintenant que le texte approuvé progressera sous la nouvelle législature, pour une mise en application en 2017.
Parmi les mesures phares du texte adopté à une large majorité, la constitution d'un registre européen répertoriant les bénéficiaires effectifs des sociétés et des trusts (à savoir ceux qui détiennent directement ou indirectement plus de 25 % des actifs). La rapporteure du texte, la néerlandaise Judith Sargentini (Verts/ALE), a défendu son utilité sur la chaîne Euronews avec un exemple d'actualité. « Le fils de Ianoukovitch, l’ancien président Ukrainien, a mis beaucoup d’argent dans des sociétés écrans aux Pays-Bas, et nous ne le savions pas. Avec ces registres, on le saurait et on se demanderait comment cet homme amasse autant d’argent ? ».
Les banques de la zone euro sont par ailleurs invitées à jouer les vigies dans la lutte contre la criminalité financière en signalant toute transaction suspecte aux autorités. De même que les casinos, tenus par le rapport de faire preuve de la plus grande vigilance face aux transactions de plus de 2 000€.
« Il est important de comprendre qui a volé quoi et qui a payé quoi » pour Krišjānis Kariņš (PPE, Lettonie), co-rapporteur du texte, qui voit dans cette nouvelle directive un moyen de mettre en lumière les circuits de blanchiment d'argent au niveau européen.
Selon Sylvie Guillaume (S&D, France) le texte vise à « assécher les sources d'activités criminelles en Europe ». Des activités qui représentent un coût de 2 000€ par an et par citoyen européen selon l'estimation des députés.
Si la délégation française des Sociaux-démocrates se réjouit de ce vote, certains craignent que la complexité du texte ne brouille le message politique fort que constitue la lutte anti-blanchiment. « On a gagné en détail ce qu'on a perdu en sens » confie Sylvie Guillaume. Pour elle, la référence dans ce texte à une vigilance accrue à l'égard des « personnes politiquement exposées » à la corruption dans chaque pays manque de clarté, étant trop globale.
Mais l'entrée en vigueur de ces règles est néanmoins incertaine. Le texte adopté n'ayant pas fait l'objet d'accord préalable avec le Conseil pour le moment, il incombera aux députés fraîchement élus d'utiliser ou non le texte comme base de travail à partir de mai prochain.
Tommy Cattaneo.