14 mars 2013
Le Parlement appelle le Bangladesh au calme, demande au Tribunal Pénal International plus de transparence et réclame l’arrêt des condamnations à mort.
“C’est l’épisode le plus grave de violences politiques au Bangladesh de ces 40 dernières années”. Cristian Dan Preda, député roumain du PPE, ne mâche pas ses mots. Tout est parti d'une intention louable du gouvernement. Celui-ci décide en effet en 2009 de créer un Tribunal Pénal International pour juger les crimes commis durant la guerre d’indépendance de 1971. Mais loin d'apporter l'apaisement, celui-ci a déclenché un renouveau de affrontements communautaires.
Hindous contre musulmans
Le 21 janvier dernier, le Tribunal Pénal International du Bangladesh condamne Abdul Kalam Azad à mort par contumace, pour crimes contre l’humanité, puis Abdul Qader Mollah à la prison à vie. Aussitôt, les manifestants hindous protestent contre cette clémence. En réaction le gouvernement décide de changer les règles de procédure du tribunal pour pouvoir imposer la peine de mort à Abdul Qader Mollah. Pour l’Union européenne, cette législation rétroactive viole les règles d’un procès équitable .
La condamnation à mort de Delwar Hossain Sayedee, vice-président du parti musulman d'opposition Jamaat-e-Islaami, achève de mettre le feu aux poudres: les manifestations font 60 morts, et les attaques de temples de la communauté hindoue se multiplient.
Une situation contradictoire
“La situation est contradictoire, résume Cristian Dan Preda. C’est le Tribunal Pénal International du Bangladesh qui est à l’origine des dernières violences". Son fonctionnement est pointé du doigt. “Il est logique que les auteurs d’un génocide doivent rendre des comptes mais il faut que leur procès soit équitable. Ce n’est pas le cas, a constaté la députée suédoise Cécilia Wikström (ALDE). Il y a eu des kidnappings, des personnes interrogées sans avocats... Il faut mettre un terme à ces procédés ”.
La commissaire Maria Damanaki conclut: “Nous n’invoquons pas l’impunité, nous sommes conscients des atrocités commises il y a 40 ans. Mais il faut tout faire pour que la situation ne s’aggrave pas." Les députés ont donc appelé au calme, à un moratoire officiel sur les exécutions, et demandé plus de transparence au Tribunal Pénal International.
Florence Stollesteiner