13 mars 2013
Le Conseil européen qui s'ouvre jeudi à Bruxelles verra les chefs d'Etat et de gouvernement dresser le bilan d'étape du semestre européen. Mais à Strasbourg, le débat préparatoire a surtout vu les groupes parlementaires réclamer plus de croissance, à quinze mois des élections européennes.
Au sein du Parlement, seul le Parti Populaire Européen (PPE) continue de soutenir l'austérité budgétaire. Mais le groupe majoritaire met un peu d'eau dans son vin en demandant également des mesures de croissance, alors que l'Union européenne a connu la récession en 2012. Un message très politique, sans arguties sur les grandes orientations à retenir. Seul l'eurodéputé français Jean-Pierre Audy (PPE) a proposé assez vaguement mercredi matin de « grands plans d'investissement dans les infrastructures » ainsi que « la convergence des minima sociaux. » Marietta Giannakou (PPE, Grèce) a pour sa part estimé que « la crise sociale et politique ne s'amélior(ait) pas. »
Alors que les prochaines élections européennes sont prévues pour mai 2014, la doctrine de l'austérité total se révèle de plus en plus intenable politiquement. Même pour un groupe représenté par 15 des 27 membres du Conseil Européen, et par le Président de la Commission, José Manuel Barroso. Ce dernier a pointé les « coûts payés par les plus vulnérables », des coûts devenus « insupportables ». Lucinda Creighton, qui représente la présidence irlandaise du Conseil européen, a tenté de faire la synthèse entre maintien de l'austérité et plaidoyer pour la croissance : « Il faut chercher une consolidation budgétaire favorable à la croissance. »
« Faire primer la croissance »
Cette synthèse est considérée comme difficile à établir par les autres groupes politiques. Stephen Hugues (Socialistes & Démocrates, R-U) a déploré l'absence de croissance en 2013 : « Nous désespérons de votre modèle », a-t-il lancé à José Manuel Barroso. Elisa Ferreira (S&D) a renchéri : « Faites de ce conseil un conseil caractérisé par le changement, sinon il sera trop tard. On risque une explosion », a prévenu l'eurodéputée portugaise. Pour Catherine Trautmann (S&D, France), « il ne faut pas ajouter de l'austérité à l'austérité » mais « faire primer la solidarité et la croissance. » De fait c'est la question de la priorité donnée aux coupes budgétaire qui est mis en cause par nombre d'eurodéputés. Pour Daniel Cohn-Bendit (Verts) : « Il faut ralentir le rythme. Avancer à marche forcée, c'est asphyxier l'économie. »
Le groupe Européens Libertés Démocratie (EFD) et les non-inscrits (NI) ont rejoint dans la même dénonciation l'austérité et l'Europe. L'eurodéputé italien Lorenzo Fontana a évoqué la situation de son pays : « le spread (écart entre le taux de référence, celui de l'Allemagne, et le taux de l'Etat membre concerné ndlr) a diminué mais tous les indicateurs économiques se sont détériorés. » Enfin la Britannique Nicole Sinclaire (NI) a ironisé : « les gens en ont de plus en plus assez de l'Europe, et je remercie en cela M. Barroso pour ses efforts. »
Raphaël Czarny