16 février 2012
"C'est un scandale pour les non-voyants. Je veux des règles claires et pas de blablabla". Auken Margrete, du groupe des Verts/ALE s'est réfusée à la langue de bois lors du débat préparatoire à Strasbourg. Les députés du Parlement lui ont donné raison jeudi pour exiger de la Commission européenne un traité international contraignant pour faciliter l'accès aux livres aux non-voyants.
La résolution, portée par la présidente de la commission des Pétitions Erminia Mazzoni, s'inscrit à la suite de la proposition de traité que l'Union mondiale des aveugles avait déposée à l'Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (OMPI) en 2009.
Aux obstacles juridiques mis en avant par la Commission, Claudio Morganti, député italien, répond : "C'est absurde que l'on ne puisse pas surmonter la barrière des droits d'auteurs plus facilement". Pour lui, les droits d'auteurs ne sont pas un obstacle d'ordre juridique mais relèvent d'intérêts commerciaux. Argument repris à son compte par Madame Mazzoni : "la raison économique ne doit jamais l'emporter sur les droits fondamentaux".
"Une famine de livres"
Seuls 5% des livres publiés sont accessibles aux non-voyants dans les pays riches, et moins de 1% dans les pays pauvres. Certains députés, tels que Michael Cashman (ALDE), n'hésitent pas à parler d'une véritable "famine de livres" pour les aveugles.
Les eurodéputés proposent de diversifier les formats : livres en braille, à gros caractères, livres audio ou encore développement de logiciels adaptés sur Internet. Des installations spécifiques dans les librairies et bibliothèques sont également évoquées.
"Ce n'est pas la charité mais un droit fondamental pour la culture que nous demandons. La Commission européenne et le Conseil sont trop conservateurs" s'insurge Luigi Berlinguer, du groupe des Socialistes.
Ainsi pris à partie, Michel Barnier, commissaire européen au marché intérieur, s'est immédiatement défendu : "Je ne suis pas un conservateur, Monsieur Berlinguer. Je vais faire avancer ce traité concrètement dans les semaines qui viennent". A l'heure actuelle, des négociations avec les partenaires internationaux, les éditeurs et les associations de malvoyants de l'UE sont en cours.
"J'ai besoin d'un accord suffisant au niveau des Etats membres pour négocier un traité contraignant" continue-t-il, avant d'ajouter que "ceux qui ont un handicap ont le droit plus que les autres à l'accessibilité des livres".
Yolène Thorez