16 février 2012
Après onze mois de révolte sanglante et alors que la répression par le régime de Bachar-al-Assad s’aggrave de jour en jour en Syrie, les mesures diplomatiques visant à réduire les violences piétinent. Jeudi 16 février une résolution contre la Syrie a été adoptée en session plénière. Le Parlement « demande à Bachar-al-Assad d’abandonner immédiatement le pouvoir » et de mettre fin aux bombardements. Il condamne une nouvelle fois la répression du régime contre sa population, en particulier dans la ville de Homs, pilonnée par l’armée depuis 15 jours. Cette résolution est une « sonnette d’alarme » mais sa portée reste très limitée.
Quelques jours après l’échec du projet de résolution du Conseil de sécurité à l’Organisation des Nations Unies (ONU), l’Assemblée générale des Nations Unies doit se prononcer jeudi 16 février sur un nouveau texte de la Ligue Arabe, proposé par l’Arabie Saoudite et le Qatar. Sa formulation semble pourtant insuffisante à certains membres du groupe PPE, qui jugea que le texte moins contraignant que s’il était adopté par le Conseil de sécurité. Si une intervention à caractère militaire semble exclue pour le moment, les ministres des finances européens se retrouveront le 27 février pour adopter un nouveau train de mesures restrictives contre la Syrie. Ils doivent décider d'un embargo sur les exportations syriennes de phosphate, du gel des avoirs de la banque centrale et d'une interdiction du commerce des diamants et métaux précieux..
Le 15 février, le ministre danois Villy Sovindal s’était exprimé devant les eurodéputés au nom de la Haute représentante des Affaires étrangères de l’UE, Catherine Ashton. Dans son discours, elle a condamné « l’escalade de la violence » et appelé à « l’arrêt du massacre » en Syrie. Elle a souligné la « déception de l’UE après le double véto russe et chinois ». Elle a salué « les efforts de la Ligue Arabe ainsi que sa décision de demander au Conseil de sécurité des Nations Unies d’adopter une résolution pour la formation d’une force conjointe arabo-onusienne pour superviser l’application du cessez-le-feu ». Elle a insisté sur la « nécessité d’une coordination avec l’opposition » et a fait de la protection des civils, la « priorité de l’Union ». « Nous n’abandonnerons pas la population ». Elle a appelé au retrait des « troupes de blindés dans les villes » et à une « circulation libre des observateurs et des médias ». « Il faut mettre un terme à la machine à tuer du régime ». Elle a estimé nécessaire de continuer à participer au groupe des « Amis du peuple syrien» qui se réunira le 24 février à Tunis. Alain Juppé avait lui aussi rappelé qu’il fallait « continuer de participer activement à ce groupe ».
Le bloggeur Danny Abdul Dayem a décrit mardi les horreurs commises par l'armée syrienne dans la ville de Homs: « Nous voulons plus que des discussions. Nous voulons des actes », a-t-il martelé.
Lors du débat, les députés ont tour à tour condamné le régime syrien et appelé à renforcer l’aide humanitaire envers l’opposition, à créer « un couloir humanitaire », à renforcer la pression sur le régime de Bachar-al-Assad. Mais ils ont critiqué le manque d’actions. « Jusqu'à quand va-t-on pouvoir rester impassible ? » s’est insurgé le député espagnol José Ignacio Salafranca (PPE).
Un projet de Constitution sera soumis le 26 février aux Syriens par référendum. La commission qui a élaboré le texte prévoit de limiter le mandat présidentiel à deux septennats mais ne dit pas si cette réforme s’appliquera pour Bachar-al-Assad dont le mandat expire en 2014. Les Etats-Unis ont qualifié ce projet de « plaisanterie » et ne croient pas à l’ouverture politique du pays.
Mathilde Dondeyne