16 février 2012
Invité, c'est une première, à présenter sa vision économique au Parlement européen, Mario Monti bouscule de plus en plus le duo « Merkozy » (Angela Merkel et Nicolas Sarkozy), affichant l'ambition de faire de l’Italie un nouvel acteur majeur de la construction européenne.
Mario Monti, le président du Conseil des ministres italien, a eu mercredi à cœur de montrer qu'il pouvait devenir un acteur majeur de la nouvelle construction de l'Union, dans un contexte très critique de la crise économique, « l'Italie n'acceptera pas passivement les orientations européennes, mais elle y contribuera et jouera le rôle qui revient de droit à un pays fondateur de l'UE et grande économie de la zone euro » a-t-il déclaré aux eurodéputés.
Il se place ainsi en nouvel homme providentiel en Europe aux côtés du président français, Nicolas Sarkozy et de la chancelière allemande, Angela Merkel. Et il n'a pas hésité à rappeler que la France et l'Allemagne portent leur part de responsabilité dans la crise du pacte de stabilité et de croissance. Ces deux pays avaient décidé de s'affranchir des règles budgétaires communautaires en 2003.
Une discipline au service de la relance
Ancien commissaire européen à la concurrence pendant dix ans, Mario Monti connaît bien les institutions européennes. Le Parlement lui a apporté son soutien par de vifs applaudissements mercredi. Fédéraliste convaincu, sa volonté de construire une Europe communautaire et sa politique d'austérité en Italie sont très appréciées dans l’hémicycle.
L’Italie est entrée récemment dans une phase de récession, mais Monti a précisé : « le moment n'est pas venu de remiser la discipline budgétaire ; au contraire, Il faut la concilier avec la croissance européenne ». Pour lui, le retour à la stabilité de la zone euro est un impératif.
Hyper Mario
Mais c'est avec le « cas grec », opposé à l' « exemple » italien, que Mario Monti a marqué des points. Il a tenu des propos très durs pour condamner Athènes : « il ne faut pas oublier que les politiques menées en Grèce pendant de nombreuses années ont été un catalogue parfait des pires pratiques en Europe. » Mais il a mis en garde contre des mesures visant à exclure la Grèce de la zone euro : « Nous ne pouvons pas nous permettre que l’euro devienne un facteur de désagrégation et de séparation entre citoyens européens. Ce risque existe » a-t-il ajouté.
Le discours de Mario Monti a suscité un large consensus au sein de l'hémicycle, le modèle italien semblant s'imposer dans l'esprit des eurodéputés. Guy Verhofstadt, le président des libéraux et démocrates, a salué le travail impressionnant déjà réalisé par le gouvernement italien. Il a même suggéré, avec le sourire, que Mario Monti devienne « un ministre itinérant en Europe » qu'il faudrait « envoyer [en sauveur] en Grèce ».
Camille Richebois et Hugo Jolion