11 mai 2016
Le commissaire aux Affaires économiques, Pierre Moscovici, a rendu-compte ce mardi 10 mai devant le Parlement européen de la dernière réunion de l'Eurogroupe sur le programme d'ajustement économique en Grèce. Si pour lui le pays est sur la bonne voie, beaucoup d'efforts restent à faire.
« La voie prise est la bonne, le chemin du succès est tracé. La Grèce, avec ses partenaires, en a déjà parcouru une partie significative, mais n'a pas encore franchi la ligne d'arrivée ». Ce mardi 10 mai à Strasbourg, devant un hémicycle où seuls les orateurs du jours semblaient avoir pris place, Pierre Moscovici, commissaire aux Affaires économiques, a fait un compte-rendu positif de la réunion de l’Eurogroupe de la veille. Suite au vote par la Vouli, le Parlement grec, de nouvelles réformes réclamées par les créanciers, il a annoncé que la croissance devrait reprendre en Grèce au cours de la deuxième moitié de l’année 2016 et que le déficit public devrait passer sous la barre de 3% en 2017, contre 7,2 % en 2015. Avant de saluer les différents acteurs des négociations, dont le FMI, le commissaire a tenu à rappeler que « la viabilité de la dette de la Grèce est un élément fondamental de l'accord conclu en août dernier ». Le président du groupe PPE (centre droit), l'Allemand Manfred Weber s'est également montré optimiste : « l’atmosphère est très constructive, ce n'est pas comparable à ce que nous avons vécu il y a un an. Le gouvernement a quitté sa rhétorique et son cap anti-européen »
Cependant, peu d'eurodéputés ont semblé partager cet enthousiasme. Tandis que Pierre Moscovici annonçait qu'un débat sur la restructuration de la dette grecque aurait lieu à la suite de la prochaine réunion de l'Eurogroupe, le 24 mai, Philippe Lamberts, le co-président du groupe des Verts, a dénoncé cette « carotte hypothétique de l'allègement imposée aux Grecs à condition qu'ils boivent le calice de l'austérité ». Une étude récemment publiée par le quotidien allemand Handelsblatt montre que 95 % des 216 milliards d'euros d'aide à la Grèce sont allés à ses créanciers. Le 20 juillet la Grèce devra à nouveau rembourser 2,3 milliards d’euros à la banque centrale européenne (BCE) et 400 millions au FMI. Pour Gianni Pittella, le chef de file du S&D (sociaux démocrates), la politique d'austérité préventive est comparable à de « l' acharnement thérapeutique sur le peuple grec ». « Si le FMI veut saboter une fois de plus cet accord, l'Union européenne, dans son unité, doit avoir la force pour aller de l'avant toute seule », a-t-il ajouté sous quelques applaudissements.
En septembre 2015, le Premier ministre grec Alexis Tsipras avait pourtant fait campagne sur la mise en cause des exigences du FMI. Mais comme le reconnaît avec résignation l'eurodéputé Kostas Chrysogonos (GUE, gauche radicale), « la balance des pouvoirs n'a pas été aussi favorable qu'espérée et le peuple a dû accepter un chemin légèrement différent de celui initialement prévu ». Et d'ajouter « il faut casser cette mentalité de fraudeur dans la société grecque, des comportements dangereux sur la route jusqu'à l'évasion fiscale. Mais c'est surtout face à l'oligarchie économique que le gouvernement doit agir et en faire un exemple pour le reste de la population ».
Texte et photo: Joris Bolomey