Au nom de Dieu

Au chapitre de la justification des agressions sexuelles, le discours de certains extrémismes religieux figure en bonne place. Le salafisme notamment s'appuie sur des textes sacrés où la femme est mise à la disposition de l’homme. Elle est alors perçue comme un simple objet destiné à procréer.  

Si le terme de « devoir conjugal » n'a jamais existé dans le Code civil, la notion reste extrêmement présente dans la défense de viols conjugaux. Cette notion est très ancrée dans les discours religieux sur les devoirs des époux. L'argumentaire est particulièrement développé sur internet, notamment par des sites salafistes, dont de très nombreux francophones.

Un exemple particulièrement bien fourni à ce sujet est le site 3ilmchar3i.net dont l'objectif est d'enseigner « la bonne compréhension de l’Islam » en français via la compilation « des écrits et des paroles de nos savants salafis de toutes générations ».

La question du devoir conjugal y est reprise, uniquement tournée autour de l'obligation de la femme de répondre aux requêtes de son mari. Ainsi pour justifier l'obligation, les administrateurs du site avance ce hadith : « Si l'homme invite sa femme dans son lit pour copuler avec et qu'elle refuse et qu'il passe la nuit en colère contre elle les anges la maudiront jusqu'au matin. »  

Epouse parfaite, épouse soumise

Le site va plus loin. Alors que certains textes autorisent les femmes à refuser « l'appel au lit » lorsque le mari ne remplit pas ses obligations, une autre page propose une lecture différente. À cette femme qui se plaint que son mari « néglige ses enfants et n’assure pas les dépenses » et « ne supporte plus de vivre avec lui », le site enjoint l'épouse à rester avec son mari mais lui rappelle son obligation de répondre à ses appels « le laissant jouir d'elle ». L'article précise qu'elle « ne méritera pas la dépense, car elle se refuse à lui sans raison valable ».

Celui qui, sans raison valable, refuse l’acte conjugal à son conjoint qui le sollicite sérieusement, commet un péché grave contre la justice

Plus globalement, 3ilmchari3 présente une image de l'épouse parfaite comme soumise à son époux, citant le Coran : « Les hommes ont autorité sur les femmes, en raison des faveurs qu’Allah accorde à ceux-là sur celles-ci » (sourate 4, verset 34). Et si le site conseille aux couples « de s'accommoder et de s'entendre », il réduit l'avis des femmes à néant, avançant que « tant qu'il a été demandé à la femme d'obéir à l'homme l'on ne prenne pas en considération son avis ».

Ce type de justification n'est pas propre à l'islam salafiste. Le blog chrétien traditionnaliste Bibliothèque de Combat, par exemple, défend également l'idée que « celui qui, sans raison valable, refuse l’acte conjugal à son conjoint qui le sollicite sérieusement, commet un péché grave contre la justice » en s'appuyant sur la Première lettre aux Corinthiens de l'apôtre saint-Paul.

Esclavage sexuel

En dehors de France, l'organisation Etat Islamique (EI) fait elle aussi appel aux textes de l'islam pour légitimer une image encore plus dégradante de la femme. Si les jihadistes européens rejoignent les terrains de combat, ce n'est pas pour un « jihad du sexe, qui n'existe pas à mon sens », comme l'explique le journaliste spécialiste du jihadisme, David Thomson, sur la chaîne Youtube de la radio RFI. « La Syrie, les gens y partent pour fonder une famille, ajoute-t-il. Ils sont dans une logique générationnelle. » Des générations qui peuvent naître de viols légitimés par les islamistes de l'EI et teintés d'une signification religieuse.

Les femmes esclaves donneront naissance à leurs maîtres

Dans un article intitulé « Le retour de l'esclavage avant l'Heure » publié dans sa revue de propagande Dabiq, les islamistes justifient l'esclavage des femmes yézidis captives comme un signe annonciateur de « l'heure du Jugement Dernier » à venir. Le groupe invite ses combattants à « s'unir » avec leurs esclaves. En s'appuyant sur différents hadiths et sourates du Coran, l'organisation a justifié le retour de l'esclavage (exclusivement féminin et souvent sexuel) sur les terres qu’elle contrôle. Un hadith où il est écrit que « les femmes esclaves donneront naissance à leurs maîtres » est interprété par le groupe comme une justification du viol des captives, celles-ci donnant ensuite naissance à des hommes libres qui agrandiront la communauté des musulmans.

En France, « constitue une agression sexuelle toute atteinte sexuelle commise avec violence, contrainte, menace ou surprise » selon l'article 222-22 du Code Pénal. Le texte de loi précise ensuite dans l'alinéa suivant que « la contrainte peut être physique ou morale » et qu'une « contrainte morale peut résulter de […] l'autorité de fait que [l'auteur] exerce sur cette victime ».

Salafistes

Personnes pratiquant le salafisme. Mouvement religieux musulman qui prône un retour aux pratiques des premiers croyants, contemporains du prophète Mohammed, les salafis (« pieux ancêtres »)

Hadith

Actes et paroles du prophète Mohammed rapportés par ceux qui l'ont côtoyé. Ils sont considérés comme des règles de vie à suivre par de nombreux musulmans et ont une importance particulière pour les salafistes