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Le secourisme dans la peau

Piqués par le virus du secourisme. Les bénévoles s'accordent pour dire que l'on finit par devenir accro. L'une des quatre antennes du Bas-Rhin de la Fédération française de sauvetage et de secourisme (FFSS) (1) tourne grâce à des passionnés.

À la FFSS, certains ne peuvent pas passer deux semaines sans faire de garde. Crédit : Marie BERTHOMÉ

« Ça va être très calme ce soir. » En deux ans et demi d'engagement auprès de l'antenne locale de la FFSS basée au quartier de la Robertsau, à Strasbourg, Yannick Weckner, 37 ans, évalue rapidement comment va se dérouler son « poste » (2).

Après être intervenu sur des événements de sport extrême ou de très grands rassemblements, comme la foire européenne, le bénévole est serein : « On attend entre 200 et 300 personnes, qui vont défiler par petits groupes dans la forêt de la Robertsau à l'occasion d'une marche aux flambeaux. »

Accompagné de trois autres bénévoles, Yannick assure la garde depuis 17 heures, une pause avec une boisson chaude entre chaque ronde. Communiquant par radio, ils veilleront jusqu'à 21 heures pour s'assurer que tous les marcheurs sont bien rentrés de la promenade nocturne. Le froid mordant ne les décourage pas : « L'attente peut être très longue, reconnaît-il. C'est ce qui est intéressant : on ne sait jamais quand, ni sur quoi on va partir lorsqu'on est appelé. On peut être envoyé pour une hémorragie et s'apercevoir que ce n'est rien. L'inverse arrive aussi. »

S'il s'agit pour une grande partie du temps de « bobologie », « il y a aussi des interventions, avec urgence vitale, qui procurent de l'adrénaline, mais de la bonne adrénaline ». Mais ce soir, les secouristes n’auront pas à intervenir.

C'est comme une drogue

Agent de sécurité incendie dans la vie, Yannick explique être « tombé dans le secourisme » en s'initiant aux gestes de premiers secours. (3) « Mon temps libre est dédié au secourisme, c'est comme une drogue. Je ne dépasse jamais plus de deux semaines sans avoir fait de poste. » Le lendemain de la marche aux flambeaux, le bénévole est encore de service : il est mobilisé toute la journée pour une fête foraine qui accueille près de 6 000 personnes. S'il accepte de tenir autant de garde, c'est grâce « à la bonne ambiance au sein de l'équipe. C'est comme une deuxième famille, on partage des moments extrêmement forts sur les interventions », confie-t-il.

Tenir une garde, c'est aussi se retrouver entre amis. Crédit : Marie BERTHOMÉ

Tenir une garde, c'est aussi se retrouver entre amis. Crédit : Marie BERTHOMÉ

Le week-end suivant, Yannick est de nouveau sur le front. Cette fois, il suit une formation pour devenir « chef de poste » au sein de l'antenne de la Robertsau. « En secourisme, il faut continuer de se former. Le jour où je crois tout savoir tout connaître, cela signifiera que je dois arrêter car je deviens dangereux », affirme Yannick. Cette maxime, il la tient de Christian Heinrich, 56 ans, et bientôt 33 ans d'engagement à la FFSS. Le « dinosaure » de l'association, comme il se nomme lui-même, avoue aujourd'hui crouler sous les tâches administratives et enchaîner les prestations de formation. « La paperasse, ça fait aussi partie du jeu », résume le quinquagénaire.

De son côté, Yannick ne souhaite pas quitter « le terrain » pour entrer dans la hiérarchie de l'association. « Si l'on fait autant de postes, c'est aussi pour la reconnaissance des gens auprès desquels on est intervenu. Parfois on est surpris : certaines personnes nous retrouvent pour simplement nous remercier. »

Marie BERTHOMÉ

(1) Fondée en 1899, la FFSS a son siège social à Paris. L’antenne bas-rhinoise compte une centaine de bénévoles, répartis dans quatre unités locales : Robertsau (à Strasbourg, 45 bénévoles), Roeschwoog, Niederbronn-les-Bains et Hoerdt.

(2) Dans le jargon des secouristes, un lieu d'intervention sur lequel les bénévoles assurent une garde.

(3) Voir aussi : Tous secouristes

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