Tous secouristes
La Protection civile est un des poids lourds en matière de formation aux premiers secours dans le Bas-Rhin. Chaque année, l'association sensibilise plus de 1 500 personnes. Parmi elles, beaucoup sont envoyées par leur employeur.
Quand les claques dans le dos ne suffisent pas, la manœuvre de Heimlich demeure le moyen le plus efficace d'expulser un corps étranger des voies respiratoires. Crédit : Pierre-Olivier CHAPUT
À Strasbourg, trouver les locaux de l'association se mérite. Il faut s'aventurer au sud de la Plaine des Bouchers, le long d'anciens rails dans la zone industrielle du Bartischgut, jusqu'au fond du « U » cerné d'immenses entrepôts qui composent la rue de l'Ardèche, pour enfin apercevoir les véhicules marqués du triangle bleu doublé de blanc et cerclé d'orange. Plusieurs centaines de personnes parviennent cependant à s'y rendre chaque année pour apprendre ou réapprendre les gestes qui sauvent. Une bonne partie d'entre elles n'a pas le choix : elles viennent au titre de la formation professionnelle obligatoire.
La formation pour tous
C'est le cas de Christophe, Remy et Vincent, qui travaillent dans la collecte des déchets, et de Christine, Claudia et Sophie employées dans le domaine périscolaire et éducatif. Tous sont agents de l'Eurométropole de Strasbourg. L'institution a décidé que l'intégralité de son personnel, plus de 7 000 personnes, devait être formé. Un contrat faramineux décroché par la Protection civile 67 (1). Pour des stagiaires du service périscolaire et éducatif, « c'est une personne en moins pour encadrer les enfants car il n'y a pas assez de gens pour remplacer toutes les absences. Et même si quatre heures ce n'est pas très long, le sentiment de ne pas être à son poste, alors même qu'on est ici en train de travailler, est désagréable. »
Malgré les trous dans les équipes, les employés demeurent unanimes quant au bien-fondé de la formation : « Certaines choses apprises lors de nos premières formations ne se font plus. Alors sans piqûre de rappel, on risque de ne plus être à la page. » La formation suivie par ces six personnes n'est pas une formation initiale, mais un rappel des points essentiels du PSC-1 (2). Elle dure quatre heures et consiste en une mise à jour des connaissances acquises lors du passage de ce brevet de secourisme.
Malaise et maquillage
Nathan Weimer, l'un des quinze formateurs locaux, est assisté par Émilie pour la session du 8 décembre. La jeune femme, comme onze autres personnes, effectue un service civique à la Protection civile 67. Elle complète le vivier des 250 membres de l'association.
Malaise, brûlure, plaie, étouffement : le formateur annonce la couleur des situations au programme de la matinée. Le discours est bien rôdé, ponctué de blagues et d'anecdotes tirées d'interventions ou de formations passées. En face, les six stagiaires écoutent attentivement. L'un d'entre eux prend même des notes. Après cet exposé, vient la partie pratique. Dans le rôle de la victime, Emilie simule successivement un malaise et un AVC. Comme au théâtre, elle se tord de douleur, un énorme éclat de verre formant une plaie sanglante dans son bras gauche.
Le duo de sauveteurs n'hésite pas à se maquiller pour rendre plus réalistes les mises en situation. Crédits : Pierre-Olivier CHAPUT
Les apprentis secouristes appliquent de leur mieux, et avec un certain succès, les gestes qu'ils viennent d'étudier. Dans le même temps, ils informent le standard téléphonique joué par Nathan. « Je me bats pour que le maximum de personnes soit formé aux premiers secours, conclut Nathan Weimer. A partir de 2018, connaître les gestes de base sera obligatoire (3) pour passer son permis. C'est déjà le cas en Allemagne, et je suis bien content que ça arrive en France. »
Pierre-Olivier CHAPUT
(2) PSC-1 signifie Prévention et Secours Civiques de niveau 1. C'est la formation de base aux premiers secours en France. Ce certificat ne peut être délivré que par les organismes et associations habilités par l’État.
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