La loi du bip
Arriver au plus vite sur un lieu d’intervention est primordial. Terminé l’alarme qui résonne dans la caserne. Tous les pompiers sont équipés d’un petit boîtier individuel qui vibre et sonne pour les engager. De la caserne à leur foyer, ce « bip » les accompagne partout.
Toujours à proximité, le bip fait partie de l'équipement des sapeurs-pompiers. Crédit : Tanguy LYONNET
Dès que sa sonnerie retentit et que ses vibrations se font sentir, c’est le branle-bas de combat dans le centre d’incendie et de secours (CIS) de Molsheim. Lui, c’est le « bip ». Un petit boîtier noir ou gris, fixé à la ceinture de chaque sapeur-pompier. Il les relie à un système d’alerte, qui mobilise instantanément les moyens nécessaires lorsqu’une intervention est déclenchée, après un appel au 18.
Deux minutes chrono
Le bip ne tolère aucune discussion. Il affiche juste la nature de l’alerte, le véhicule à rejoindre et le lieu où se rendre. À son vrombissement, c’est une véritable course contre la montre qui s’engage : les pompiers de garde au CIS disposent de deux minutes, à partir de la première sonnerie, pour prendre la route. Toutes les activités cessent sur le champ : que le sapeur-pompier soit à l’entraînement, en train de discuter avec un collègue ou en pleine rédaction d’un rapport, le départ doit être instantané.
Home Bip Home
Le bip s’immisce dans le foyer des sapeurs-pompiers volontaires (SPV) lors des astreintes. Ils sont chez eux, mais sont mobilisables à n’importe quel moment. En sept minutes, ils doivent pouvoir se rendre dans leur centre de rattachement. « Au début, on reste scotché au canapé à fixer ce boîtier et à attendre qu’il se manifeste, puis au fil des astreintes, on comprend qu’on a le droit de vaquer à nos occupations », confie un SPV. Mais sans trop s’éloigner du CIS et en restant disponible. « On ne va pas chez le dentiste, mais on peut faire ses courses, quitte à laisser le chariot à une caissière en cas d’urgence et revenir plus tard. »
Objet indiscret
« Ce bip ne me gène pas, ça fait partie de la mission, raconte un SPV, même si parfois il sonne aux pires moments : quand on est sous la douche, ou que l’on partage un moment intime avec sa femme ou sa copine. » La nuit, aussi, les bip résonnent pour ceux qui sont d’astreinte. Forcément, les petits boîtiers finissent par déranger les conjoints et les enfants. Certains ont des astuces pour éviter les réveils intempestifs de toute la maisonnée, comme ce SPV : « La nuit, je mets de la Patafix pour atténuer le haut-parleur, sinon toute ma famille se fait réveiller, parfois plusieurs fois. Et c’est difficile d’aller au boulot ou de suivre les cours quand ils ont très peu, ou pas dormi du tout. » Indispensable, le bip est un petit cheval de Troie que les SPV apprennent à dompter progressivement, pour que la caserne n’envahisse pas leur foyer.
Tanguy LYONNET
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