De l'atelier au brasier
La lance à incendie, extension mécanique des corps, est l'outil le plus reconnaissable des sapeurs-pompiers. Ce n'est pourtant que l'une des pièces d'un large arsenal qui nécessite un entretien permanent.
Aussi bien entraînés qu'ils soient, les sapeurs-pompiers n'éteignent pas les feux à mains nues. Pas plus qu'ils ne vont au secours des personnes en sprintant depuis la caserne. C'est pourquoi le Sdis dispose d'un groupement logistique et technique qui gère l'approvisionnement en matériel et l'entretien des véhicules d'intervention. Une trentaine de personnes y travaille, divisée entre trois services.
« Le niveau de protection du sapeur-pompier a fait un bond en avant ces vingt dernières années »
Deux unités de maintenance assurent l'entretien du matériel et des engins. Elles emploient une quinzaine de personnes. Le service logistique, environ dix personnes, est chargé du stockage et de la distribution des équipements dans les différents centres. En amont, quatre personnes rattachées à l'ingénierie prévoient les achats à réaliser et suivent les évolutions technologiques. « Le niveau de protection du sapeur-pompier a fait un bond en avant ces vingt dernières années, explique le commandant David Schieber, à la tête du service ingénierie. On est passé de la veste en cuir à des ensembles textiles qui répondent à des normes drastiques. Le cahier des charges qui faisait cinq pages il y a dix ans, en compte 30 aujourd'hui. »
« On est plutôt bien lotis »
« Notre flotte est composée de 1 050 véhicules et engins, poursuit le gradé. Maintenant, on a internet sur les véhicules des postes de commandement : 3G, 4G et solution satellitaire si les réseaux classiques tombent », détaille David Schieber. Valeur de l'armada : 100 millions d'euros. Cette année, quarante nouveaux véhicules ont rejoint la flotte, « de la Kangoo à 15 000 euros à la grande échelle d'une valeur de 600 000 euros », un investissement total chiffré à quatre millions d'euros.
Pour effectuer sa maintenance, le Sdis dispose de deux ateliers, répartis entre les casernes Ouest et Sud de Strasbourg. Mais plus pour longtemps. D'ici deux ans, ces activités seront regroupées au sein d'une plateforme logistique et technique commune, située à Wolfisheim, sur l'ancien site Lingenheld. Les travaux doivent commencer au printemps 2018. « L'objectif est d'offrir les outils les plus performants possibles aux intervenants, ajoute David Schieber. Et dans le Bas-Rhin, on est plutôt bien lotis. »
Les véhicules flambant neufs sont équipés des logos et de l'attirail de signalisation avant d'être mis en service. Crédit : Pierre-Olivier CHAPUT
En 2017, le budget dédié à la maintenance dépasse les deux millions d'euros. Mais toutes les réparations ne sont pas prises en charge par les pompiers - leurs effectifs ne le permettent pas. Aussi, la majeure partie de celles-ci sont externalisées : vidange, carrosserie et mécanique sont assurées par une centaine de prestataires à travers le département. « À cause de contraintes budgétaires (1) qu'on n'avait pas il y a quelques années, notre nombre de véhicules baisse, explique le commandant Schieber. Mais ceux-ci deviennent en même temps plus performants et polyvalents : nos derniers fourgons pompe-tonnes, qui luttent contre les incendies, sont aussi adaptés au secours routier. »
« On vend à l'échelle européenne »
Les véhicules tournent de centre en centre selon un schéma qui vise à allonger leur durée d'exploitation. Lorsqu'un véhicule est trop usagé au goût des pompiers, il n'est pas remisé pour autant. Si le conseil d'administration départemental approuve l'idée, l'engin est réformé, c'est-à-dire débarrassé de ses sigles, sirènes et gyrophares, puis mis en vente. « Avant, on vendait en local. Mais depuis qu'on est sur Webenchères (2), on vend à l'échelle européenne et on a triplé ce qu'on arrivait à valoriser », s'enthousiasme le commandant.
L'écologie a du mal à passer la seconde
D'autres astuces ont été mises en place pour faire des économies, ainsi qu'un soupçon d'écologie : les lumières des véhicules ont été remplacées par des ampoules Led, moins consommatrices. Mais pour trouver un Sdis 100 % électrique, il faudra encore attendre. Le service dispose d'une dérogation à l'obligation faite aux collectivités de renouveler 20 % de leur parc en véhicules à énergies renouvelables. Une exception cruciale pour les sapeurs-pompiers qui tiennent à leur autonomie énergétique, assurée par les 35 stations-service situées à l'intérieur des casernes.
Pierre-Olivier CHAPUT & Corentin LESUEUR
(1) Voir aussi : Secourir, mais à quel prix ?
(2) Webenchères est une plateforme de vente aux enchères en ligne. Les institutions publiques et collectivités territoriales l'utilisent pour vendre leurs biens.
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