Cet après-midi du 6 décembre, l'adjudant Laurent Bitsch est en charge de l'instruction d'Hervé, Guillaume, François, Julien et Jean-Baptiste. Ces cinq sapeurs-pompiers professionnels sont de nouvelles recrues qui ont réussi le concours d'entrée cette année. Ils suivent la formation de base avant d'être « ventilés », c'est-à-dire répartis, dans les casernes du Bas-Rhin. Un trimestre d'instruction au cours duquel ils sont régulièrement évalués.
L'après-midi commence par une épreuve pratique : secourir une victime inconsciente au troisième étage d'un bâtiment. Les recrues, équipées d'appareils respiratoires, doivent escalader la façade. Pendant l'exercice, le formateur surveille les gestes, commente et encourage. A travers les échanges et les hésitations, on sent le protocole d'intervention qui défile dans les têtes.
Durant l'exercice, deux pompiers se hissent avec une échelle à bouts recourbés qu'ils accrochent aux balcons de chaque étage. Ils sont assurés par leurs collègues. Leur tâche consiste ensuite à faire descendre en rappel une victime jouée par leur camarade. « En situation réelle, il n'y aura pas de harnais en cas de chute », précise l'adjudant Bitsch.
Les cinq nouveaux pompiers se donnent des conseils sans perdre leur concentration malgré quelques maladresses. Ils mettent ainsi en actes les paroles du formateur, pour qui l'esprit de groupe compte bien plus que les prouesses individuelles.
« Avant, les aspects savoir et pratique étaient dispensés en quantités équivalentes pendant la formation. Aujourd'hui, le côté pratique gagne de l'importance. On veut que le pompier sache faire les gestes sur le terrain », indique Laurent Bitsch. Ce qui n'empêche pas les recrues de rejoindre la salle de cours au trot, sitôt le matériel rangé.
« Vous croyez qu'on devrait lui effacer le tableau ? » Une fois en classe, les cinq se comportent en élèves modèles. Au programme : les fiches techniques du matériel et des outils qu'ils seront amenés à utiliser en intervention. Clés d'ouverture des bornes à incendie, raccords des tuyaux, systèmes de pompage et lances défilent sur le mur de la salle. L'instructeur détaille en long et en large leurs fonctions. Si ce n'est les tenues de pompiers, la pièce ressemble à n'importe quelle autre salle de classe : trousses, stylos, manuels et cahiers.
« Il n'y a que l'expérience qui peut préparer aux situations psychologiquement difficiles. » Pour l'adjudant Bitsch la leçon est également l'occasion de préparer les sapeurs-pompiers à l'attitude qui sera attendue d'eux sur le terrain. « En intervention, il y a un chef. Chacun ne fait pas ce qu'il veut », prévient le gradé.
Les échanges sont nombreux durant le cours. L'un des élèves, Jean-Baptiste (au centre, se tenant le menton), fait l'objet d'une attention particulière : il est le seul à ne pas avoir été sapeur-pompier volontaire avant de rejoindre le corps professionnel et a, par conséquent, un retard de connaissances à combler.