2014-2019 : nouvelles vagues

De retour aux urnes en 2019, les citoyens européens votent dans un contexte bien différent de celui de 2014. En cinq ans, l’ascension des populismes au sein de l’UE, les résultats des législatives françaises et italiennes et l’annonce du Brexit ont bouleversé la donne et établi de nouveaux enjeux pour les élections à venir.

Montée des populistes

Les eurosceptiques progressent à l'Est

Depuis 2014, année où les partis eurosceptiques avaient déjà réalisé des scores records (17,71% des sièges pour le CRE et l’ELDD), l’Europe a poursuivi son glissement vers l’extrême droite. En Allemagne, 91 députés de l’AfD (Alternative pour l'Allemagne) ont fait leur entrée au Bundestag, alors qu’un seul membre du parti nationaliste avait été élu lors des dernières élections européennes.

En Pologne, la gauche a totalement disparu du Parlement national, où elle n’occupait déjà qu’une place réduite, tandis qu’en Italie, les populistes tiennent près des trois quarts des sièges. Les antisystèmes du Mouvement 5 étoiles occupent plus d’un tiers de l'hémicycle (36,1%), autant que l'addition des nationalistes de Forza Italia (16,5%) et de la Ligue (19,8%). En 2014, ces mouvances ne représentaient en tout que 20% des députés italiens, et 28% de la délégation à Strasbourg.

En Italie, l'extrême droite s'installe

Compte tenu de l’effet d’amplification des élections européennes pour les partis d’extrême droite, cette tendance qui se retrouve dans plusieurs pays parmi les plus gros fournisseurs de sièges à Strasbourg risque d’être très marquée lors du scrutin de mai 2019.

En Marche rebat les cartes au centre

En France, La République en marche a fait voler en éclats l’ordre établi depuis plusieurs décennies. Au Parlement européen, l’effet sera bien sûr moins important, mais l’arrivée des marcheurs à Strasbourg permettra une redistribution des cartes au centre droit.

Emmanuel Macron ne l’a pas encore annoncé officiellement, mais ses troupes devraient rejoindre l’ADLE, après avoir dans un premier temps tenté de nouer des alliances pour créer un second groupe centriste. Grâce à ce renfort, les libéraux devraient obtenir un poids qu’ils n’avaient jamais approché jusqu’à présent.

Le glissement du PPE vers la droite, malgré le probable départ du Premier ministre hongrois Viktor Orban, pourrait de plus pousser les plus modérés des conservateurs européens à rejoindre la force centriste.

Si les tendances des scrutins nationaux se confirment, l’ADLE pourrait devenir la deuxième force politique européenne au détriment des S&D. Ce basculement entérinerait la chute de la gauche sur le vieux continent au XXIe siècle.

Le grand vide britannique

En choisissant en 2016 de quitter l’Union européenne, le Royaume-Uni a entraîné dans son départ ses 73 eurodéputés. Ce contingent, le troisième derrière l’Allemagne et la France, était majoritairement composé de membres des groupes eurosceptiques. Le parti conservateur britannique avait en effet choisi depuis 2009 de créer le CRE, un groupe dissident du PPE qui réunit des eurosceptiques de dix États membres. Ils y siégeaient notamment avec les Polonais du PiS (Droit et justice).

L’extrême droite, et notamment les membres de Ukip (Parti pour l'indépendance du Royaume-Uni), était également très fortement représentée. L’ELDD pourrait avoir du mal à survivre à leur départ, puisque les Britanniques occupaient près de la moitié de ses sièges. Sans Ukip, l’ELDD compterait aujourd'hui seulement 24 sièges. Or, 25 eurodéputés (de sept pays différents) sont nécessaires à la création d’un groupe au Parlement.

Le Parlement toujours à droite en 2019

Le PPE garde la main

D’après la composition des Parlements nationaux à la veille de l’élection, la gauche pourrait être moins forte que jamais au niveau européen. Si les partis d’extrême droite sont à nouveau surreprésentés, comme ils le sont habituellement lors du scrutin européen, les eurosceptiques pourraient occuper plus de 20% des sièges du Parlement. La grande inconnue du scrutin réside au centre droit, où La République en marche risque de tenir une place importante, même si son score est moins important que lors des dernières législatives françaises. La recomposition des groupes de cette zone de l’hémicycle déterminera la couleur du Parlement pour les cinq années à venir. Le PPE devrait tout de même rester le parti majoritaire, une position qu’il occupe depuis 20 ans.