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L'OCDE fait monter la pression sur la Hongrie


13 mars 2012

« L'économie [hongroise] devrait être en récession au début de 2012 ». L'augure est sans complaisance. Malgré les prévisions optimistes de Budapest, qui table sur une croissance de 0, 5% en 2012, l’OCDE annonce une récession de 0,6% au premier semestre de cette année, avant une reprise  « timide » au second semestre, prélude à une reprise de la croissance en 2013 à hauteur de 1,1%. Le rapport annuel de l’Organisation, publié ce mardi, exhorte également le gouvernement hongrois à  «la conclusion rapide d’un accord avec les organisations multilatérales en vue d’un accord d’assistance financière ». La mesure est jugée « essentielle » pour stabiliser le secteur financier du pays.  Enfin, l’OCDE se fait l’écho des récentes turbulences politiques liées à la réforme constitutionnelle de Viktor Orban en critiquant « des mesures controversées prises par les pouvoirs publics hongrois », qui « aggravent l’incertitude » qui pèse sur la confiance des marchés. Face à une conjoncture monétaire difficile, le forint ayant chuté de plus de 20% depuis 2008, le recours à l'aide de l’Union européenne et du FMI semble donc inéluctable.

Subventions gelées

C’est  compter sans le volet politique du dossier, car à l’heure actuelle, le pays est au bord de l'excommunication. Le premier ministre, Viktor Orban, essuie les critiques de la communauté internationale depuis la modification de la Constitution hongroise. Entrée en vigueur en janvier 2012 , elle vivement attaquée par le Conseil de l'Europe, la commission de Venise, la Commission et le Parlement européen, la BCE et le FMI pour ses innovations que d’aucuns n’hésitent pas à qualifier de « liberticides ».  

Au cœur du conflit avec les grands argentiers : la réforme de la banque centrale (MNB) adoptée fin décembre, qui menace son indépendance. Depuis, les négociations pour le plan d’aide financière  de 15 à 20 milliards d’euros , réclamé par Viktor Orban, restent suspendues par l’UE et le FMI.  Les ministres des Finances de l’UE viennent en outre aujourd'hui de geler une aide de 500 millions d’euros que le pays devait percevoir en 2013, « faute de discipline financière suffisante ». Cette sanction deviendra définitive en juin à moins que le gouvernement ne procède d'ici là à une réduction des dépenses publiques égale à 0,5% du PIB.

La publication du rapport de l’OCDE, pour qui « l’indépendance effective de la banque centrale » est une condition sine qua non du redressement économique du pays, vient enfoncer le clou.  Le Secrétaire d’Etat à l’Economie hongrois, Zoltan Csefalvay, se veut pourtant optimiste, déclarant que "la proposition la plus importante du rapport de l'OCDE concerne la signature  urgente de l'accord FMI-UE".

Thibault Prévost

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