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Les doubles comptes du programme d'aide à la Grèce


17 mars 2012

Selon la version officielle, le programme d'aide à la Grèce se montera d'ici fin 2014 à 130 milliards €, dont 28 pour le FMI . Un rapport de la Commission rendu public le 14 mars par l'agence Reuters établit que le montant de l'aide à verser dans le cadre de ce second programme sera beaucoup plus élevé, oscillant entre 164,5 et 173,6 millards selon la périodisation retenue (voir tableau) .

Sur les 110 milliards € du premier plan décidé en mai 2010, 37 milliards (1), dont 9,9 pour le FMI, n'ont toujours pas été versés. Ce reliquat est pris en compte dans les ressources affectées au second programme d'aide, et vient s'ajouter aux 130 milliards annoncés. En clair, d'après le rapport de la Commission, l'Eurogroupe et l'institution de Washington vont en réalité prêter 164,5 milliards € à la Grèce entre 2012 et 2014, dont 112 dès cette année. Selon l'échéancier fourni par la Commission, la contribution du FESF s'élèvera à 144,7 milliards, et celle du FMI à 19,8 milliards.

Ces contributions publiques, pourtant, ne devraient pas suffire à satisfaire aux besoins estimés pour ces trois années. Si la réussite de l'opération PSI (Private Sector Involvment) devrait lui permettre d'effacer 107 milliards de sa dette, le Trésor grec, selon ce document, aura sur cette période besoin de 178,6 milliards d'euros pour rester sur la trajectoire d'une dette ramenée à 117% du PIB en 2020. C'est à Athènes qu'il incombera de trouver les fonds manquant. Ils devront provenir pour l'essentiel de privatisations, dont la Commission prévoit qu'elles rapporteront 11,8 milliards d'euros.

Retour sur les marchés

Mais pour le FMI ce second programme ne se termine pas en décembre 2014. A la différence de l'eurozone, il prévoit d'échelonner son assistance financière jusqu' à février 2016. Pour cette période supplémentaire, sa contribution, selon la Commission (2), devrait s'élever à 9,1 milliards d'euros, portant le total du programme d'aide à 173,6 milliards €.

Or, de 2015 à 2017, les besoins financiers d'Athènes, pour conserver sa trajectoire, sont d'ores et déjà estimés à 44 milliards €. La différence, le gouvernement devra l'assumer en poursuivant sa politique de privatisation - censée rapporter 17,7 milliards à l'Etat…et en levant 17,2 milliards € sur les marchés. C'est là que le bât blesse : même dans le plus optimiste de ses scenarii le rapport de la Commission juge lui même peu probable l'hypothèse d'un retour de la Grèce sur les marchés à l'horizon 2015.

Un troisième programme d'aide paraît donc aujourd'hui inévitable. Si tout se passe pour le mieux d'ici là.

Clémence Mermillod, Rémy Dodet

(1) 34 milliards selon le FMI

(2) L'échéancier du FMI ne prévoit qu'un versement de 8,2 milliards pendant cette période.

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Tableau extrait du rapport de la Commission sur "le second programme d'ajustement économique" de la Grèce

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Répartition du programme d'aide 2012-2014. Source : Commission européenne.

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