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31 millions pour les europartis et leurs fondations


15 mars 2012

La répartition des subventions du Parlement entre les europartis pour l'année 2012 a été arrêtée
le 13 février. Une nouvelle formation, présidée par le Français Bruno Gollnisch,
fait son entrée dans le club.
Certains députés appellent à son boycott.

 

L'Alliance européenne des mouvements nationaux (AEMN), présidée par Bruno Gollnisch, est devenue le 13 février 2012 un « parti politique au niveau européen ». À la clef : 289 266 € de subventions communautaires pour 2012. Cette décision a déclenché une bronca de protestations chez les eurodéputés. Le britannique Claude Moraes (S&D)  a notamment appelé à son « boycott ».

« J'ai voté contre ces financements »

« C'est leur conception de la démocratie ? », réagit Bruno Gollnisch, en mettant en avant le caractère européen de sa formation politique. « Nous ne sommes pas les barbares que nos adversaires dépeignent, ni des nationalistes au sens étroit du terme. Nous avons des parlementaires légalement élus et nous sommes plus fidèles aux valeurs européennes que nos adversaires », a-t-il déclaré à Cuej.info.

Quant aux subventions, il juge certaines « scandaleuses », pointant du doigt les plus de six millions d'euros accordés au Parti populaire européen – l'europarti, à ne pas confondre avec le groupe politique. L'ex-candidat à la présidence du Front national affirme même  avoir voté « contre ces financements ». Son opposition se fondait alors sur les écarts d'allocations produits par la règle de répartition choisie – 6 482 715 € au PPE contre 241 807 € pour les EUDemocrats –, mais aussi sur une résistance idéologique : « Pourquoi des électeurs-contribuables devraient financer des partis contraires à leurs idées ? »

Pas question pour autant de faire une croix sur la somme qu'il s'est vu attribuer : « Ces crédits – 300 000 € pour 2012 – serviront à faire connaître nos opinions et notre combat ». Preuve de l'activité européenne qu'on lui conteste, l'AEMN a même tenu il y a quelques jours une réunion pour planifier ce budget.

Une réserve cependant:  lorsqu'on lui demande si l'AEMN est bien un « parti politique européen », Bruno Gollnisch préfère répondre que ce n'est qu'une « alliance » .
Un europarti ? « À l'intérieur d'un mauvais système, c'est ce qui permet de rassembler des armes. »

Clément Lacaton et Chloé Mahier

 

L'Alliance européenne des mouvements nationaux

Fondée en Hongrie en 2009, elle regroupe une dizaine de partis nationalistes de l'Union – en particulier le Front national français, le Jobbik hongrois, et le British national party. Jusqu'en 2011, elle ne remplissait pas les critères nécessaires à la reconnaissance du statut officiel de parti politique au niveau européen. Ce n'est qu'avec l'adhésion d'un député lituanien que l'AEMN a pu répondre à l'un des principaux critères – avoir des élus dans au moins sept Etats membres. Deux autres formations européennes d'extrême droite, l'Alliance libre européenne et l'Alliance européenne pour les libertés, sont reconnues et subventionnées par le Parlement européen.

Bruno Gollnisch et Jean-Marie Le Pen, mercredi 14 mars, dans l'hémicycle.

                             Photo : Baptiste Cogitore/Cuej

Un statut plein de ressources

Ils sont treize à pouvoir se targuer du statut d' europarti en 2012. À ce titre, ils se partageront 18 900 000 € de subventions du Parlement européen – une aide versée depuis 2004. Selon le règlement qui encadre leur statut, 15% de ces crédits sont dsitribués également entre tous les partis. Les 85% restants sont répartis proportionnellement aux nombres d'élus au Parlement européen.

Pour avoir accès à ce statut, les « partis politiques au niveau européen » doivent prouver leur représentativité dans au moins un quart des Etats membres, leur respect des principes communautaires fondamentaux, et leur participation aux élections européennes. Ils ont également une obligation de transparence : ils doivent publier leurs recettes et dépenses chaque année, et déclarer leurs sources de financement.

Le Parlement couvre ainsi jusqu'à 85 % de leurs dépenses, essentiellement des de fonctionnement : réunions, publications, études, frais administratifs, de personnel et de déplacement. Lors des campagnes électorales européennes, ces fonds  ne peuvent servir à financer des partis ou candidats nationaux. Ils doivent uniquement être affectés à des dépenses liées à un programme politique européen.

Depuis 2008, le Parlement subventionne aussi les fondations politiques, laboratoires d'idées et instruments de propagande des europartis. Leur fonction est de nourrir le débat politique, et d'effectuer des activités de recherche et de communication. Cette année, douze fondations européennes se répartissent ainsi 12 000 000 € supplémentaires.

Subventions du Parlement aux europartis

Crédit : Chloé Mahier/Cuej

 

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