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L’appel de Filippo Grandi pour un meilleur accueil des réfugiés


08 mars 2016

Le Haut Commissaire pour les réfugiés des Nations Unies Filippo Grandi était invité mardi 8 mars au Parlement européen pour s’exprimer sur la crise des migrants. Dans son discours, il a appelé l’UE à prendre des mesures d’accueil supplémentaires et à protéger les réfugiés, notamment les femmes et les enfants. Un appel qui a provoqué de nombreuses réactions dans l’hémicycle.

« Fatima  a été confiée à un passeur par son mari. Ce passeur l’a violenté, lui a volé ses biens et lui a interdit de contacter son mari. Fatima a été retrouvée sur une plage de Lesbos, gravement blessée et traumatisée ». Filippo Grandi a choisi d’ouvrir son discours par un exemple concret parmi le million de réfugiés arrivé en Europe en 2015, dont 55% de femmes. En ce 8 mars, Journée internationale de la femme, le nouveau Haut Commissaire pour les réfugiés des Nations Unies a été invité par le Parlement européen à s’exprimer sur la situation des femmes et des mineurs réfugiés. Face aux abus et aux violences dont ils sont victimes, il a notamment présenté une mesure du Haut Commissariat: la création de « blue dots », des espaces qui leur sont réservés dans les zones d’accueil de réfugiés.

La nécessité d’actions urgentes

Rapidement, Filippo Grandi élargit son discours à tous les réfugiés. Il dénonce à plusieurs reprises la mauvaise volonté des Etats membres européens, qui « doivent honorer leurs engagements, sans que de nouveaux retards ne soient supportables ». Le Haut Commissaire a appelé la Commission européenne à reprendre les propositions qu’il a déjà lancé lundi lors de la conférence avec la Turquie à Bruxelles: renforcer le soutien à la Grèce face aux arrivées massives de migrants, créer des voies de passage sûres pour en finir avec les passeurs, et protéger l’ensemble des personnes à risques. Le discours s’est achevé sur un appel à la tolérance: « certains politiques suscitent la peur et manipulent l’opinion publique, c’est inacceptable. La seule réponse à cette crise repose sur la solidarité et le respect du droit international » a-t-il conclu sous les applaudissements fournis de l’hémicycle.

Une fin de séance agitée

Le Commissaire européen aux affaires intérieures Dimitris Avramopoulos a tenu à rappeler que la Commission européenne n’oubliait pas ses devoirs humanitaires et avait pour priorité de mettre fin au système de passeurs. Un avis largement partagé par les groupes politiques lors d’un tour de table. Ils se sont également tous inquiétés des mauvaises conditions d’accueil des migrants. Une voix discordante s’est cependant faite entendre lorsque l’italien Matteo Salvini s’est exprimé pour le groupe ENL (extrême droite). Dénonçant une « invasion islamique incontrôlée du continent », il a accusé l’Europe de donner des milliards d’euros à la Turquie au détriment des chômeurs européens. Sa virulente prise de parole a rapidement déclenché huées et applaudissements parmi les députés. Tout en s’excusant auprès de Filippo Grandi pour le « manque de respect à l’invité », le Président Martin Schulz a récusé un discours « peu représentatif de la pensée européenne ». Martin Schulz et Filippo Grandi ont néanmoins fini par quitter l’hémicycle au milieu du tapage incessant des députés d'extrême-droite.

Léa Picard

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