10 mars 2016
L'eurodéputé grec Eleftherios Synadinos a été expulsé de la séance parlementaire le mercredi 9 mars après avoir tenu des propos racistes à l'encontre des Turcs, les qualifiant de « barbares », de « sales » et de « menteurs ».
A l'occasion du débat parlementaire mercredi 9 mars, sur l'accord UE-Turquie au sujet des réfugiés, l'eurodéputé grec Eleftherios Synadinos, du parti Aube dorée (extrême droite), s'est lancé dans une diatribe anti-turcs. « Les Turcs sont des barbares. Ils sont sales, menteurs. Le Turc est comme un chien qui joue au chien sauvage, mais quand il doit lutter contre son ennemi, il s'enfuit », a-t-il déclaré, avant d'ajouter « La seule façon de réagir face au Turc, c'est le poing et la décision ».
Une sortie qui n'a pas entraîné de sanction immédiate de la part du président de séance Rainer Wieland (PPE, centre droit), malgré les protestations de l'eurodéputé roumain Victor Bostinaru (S&D, centre gauche). Les interventions se sont poursuivies pendant plus de deux heures jusqu'à la fin de séance et la communication de la présidence à 13 heures. C'est alors que Martin Schulz, rentrant en séance, a intimé l'ordre à l'eurodéputé grec de quitter l'hémicycle, qualifiant sa déclaration publique d'« [in]acceptable ». Pour lui, « c'est certes inhabituel d'intervenir de la sorte, mais c'est indispensable, il en va de la dignité du Parlement ».
Eleftherios Synadinos a aussitôt vivement protesté, avec le soutien d'autres députés d'extrême-droite, dont le français Bruno Gollnisch (Non-inscrits). « Monsieur Gollnisch, si vous n'arrivez pas à vous calmer, nous allons vous administrer un tranquillisant », a alors lancé Martin Schulz. Ce n'est qu'après plusieurs relances et la menace de faire intervenir les huissiers que le parlementaire grec s'est finalement retiré.
Plus qu'un incident de séance, ce dérapage témoigne de la tension qui règne autour du débat sur la crise migratoire. Un sujet épineux dans un hémicycle plus que jamais marqué par les nationalismes, avec une forte proportion de députés d'extrême-droite. « C'est une décision de principe que j'ai dû prendre, car il y a de plus en plus de personnes qui essayent de franchir des lignes rouges pour rendre le racisme ici acceptable », a déploré Martin Schulz.
Anthony Ducruet