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L'eurodéputé Mélenchon à Strasbourg pour les municipales


11 mars 2014

« Je pense que Strasbourg va être très regardée parce qu'elle est historiquement imperméable aux rouges. » Jean-Luc Mélenchon, en clôturant en fanfare les allocutions à la tribune, proclame renverser cette fatalité. Près de 400 militants et sympathisants ont fait le déplacement ce lundi 10 mars au soir pour assister au meeting du co-président du Parti de gauche dans l'élégant pavillon Joséphine du parc de l'Orangerie.

Avant la réunion, les jeunesses communistes distribuent leur journal aux nouveaux arrivants. Ici, le divorce entre le Parti de gauche et le Parti communiste n'est pas d'actualité. Le Front de gauche (FDG) s'élargit même à Strasbourg à trois membres de l'association « femmes égalité. » Sylvie Molinet, est l'une d'entre elles. Derrière un stand dans le hall d'entée, elle « défend les femmes des milieux populaires dans leur lutte salariale dans les grandes entreprises. »

Dans la salle comble, le public se partage entre jeunes partisans nés pendant l'ère Mélenchon et de plus vieux militants d'extrême-gauche. Steve, adhérent communiste de 36 ans, avoue « un trou entre 30 et 50 ans » dans les moyennes d'âge. Certains prennent appui près des fenêtres pour chercher un peu d'air frais, en prévision d'une longue réunion. Les places assises au premier rang, où se pressent des « camarades » de Die Linke, sont chères.

Les organisateurs tentent de chauffer l'assistance avec un film de dix minutes sur le quotidien de la campagne dans les quartiers strasbourgeois, mais ce sont les premières interventions de Jean-Claude Val et Hülliya Turan, numéros un et deux de la liste FDG à Strasbourg qui réveillent l'auditoire. Le programme municipal est développé de long en large comme la gratuité des transports publics ou le gel des loyers du parc immobilier.

Lorsque Jean-Luc Mélenchon monte enfin sur scène sous des applaudissements nourris, l'atmosphère s'enflamme. Dans son discours de près d'une heure, la star de la gauche radicale pointe du doigt « les cinq néo-nazis » qui participent à l'actuel gouvernement ukrainien ainsi que le candidat tout juste désigné de la droite européenne Jean-Claude Juncker, « ancien chef d'état d'un paradis fiscal. »

Il garde cependant quelques flèches pour la politique hexagonale et sa bête noire, Manuel Valls, qu'il qualifie de « bidouilleur en chef. » Le ministre de l'intérieur s'évertuerait selon lui à disperser le résultat national du FDG aux municipales en laissant au préfet la possibilité de noyer le score de ses candidats dans des cases différentes. Jean-Luc Mélenchon achève son réquisitoire d'un énergique « partage, partage, partage » qui électrise la foule.

Mais le plus dur reste à faire. Avant la réunion, Marc Baader, candidat à Schiltigheim, confiait qu'il « faut que les couches populaires reprennent pied dans le débat démocratique, sinon on se bagarre le 0,5 % des bobos du centre-ville. » Il reste au FDG moins de deux semaines pour remporter cet hasardeux pari.

Thomas Gathy

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