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Alejandro Cercas: "La Troïka a fait des erreurs"


13 mars 2014

Alejandro Cercas, député S&D européen espagnol, mène son dernier combat d'eurodéputé. A 65 ans, il ne se représentera pas en mai prochain. Son rapport sur les conséquences sociales de l'action de la Troïka (FMI, BCE et Commission)  à Chypre, en Grèce, en Irlande et au Portugal a été adopté par le Parlement  jeudi 13 mars..

 

Il y a déjà un rapport sur les conséquences économiques de l’action de la Troïka, pourquoi un rapport sur le volet social?  

Cela aurait été horrible de faire le bilan de la Troïka seulement sous l’angle économique macroéconomique alors que des millions de personnes sont touchées. On ne peut pas oublier les gens. L’Europe c’est un processus démocratique! La Commission ne voulait qu’on lui tende un miroir qui reflète une image peu flatteuse. Notre rapport, fruit d’une rude bataille, montre bien que l’emploi, la santé ou l’éducation ont été sacrifiés depuis trois ans. Il faut arrêter ça le plus vite possible pour redonner du souffle à ces pays. 

Pour vous, quels sont les points les plus noirs?

En Grèce, on ne rembourse plus les médicaments contre le cancer. Il faut absolument sanctuariser les politiques de santé, c’est un minimum à exiger de la Troïka. Amputer les dépenses d’éducation? Mais c’est l’avenir de notre société, de nos enfants qui sont en jeu! Toujours en Grèce, le taux de chômage approche les 30%, et 60% pour les jeunes. La Troïka a eu pour objectif de dérèglementer le marché du travail, résultat? C’est pire qu’il y a trois ans. 

Qu’aurait-il fallu faire? 

On a cru que l’économie seule pouvait tout résoudre. On a fait l’austérité sans la relance. S’il n’y a pas de relance économique, il n’y a pas d’emplois. On aurait dû consulter la commission de l’emploi. Le volet social a cruellement manqué dans les programmes de la Troïka. Et pourtant, l’Europe vit un moment crucial de son histoire. Alors, faut-il baisser les bras? Allons nous être vaincus par un modèle à bas coûts que l’on veut nous imposer? Je privilégie une Europe fondée sur la protection de notre modèle social. . 

 

En mai 2014, Alejandro Cercas reprendra le cours de sa vie universitaire. 

 

Ne craignez-vous pas que votre rapport soit un nouveau coup d’épée dans l’eau?

Non, je veux garder espoir, on commence à voir des changements. Depuis peu, la commission concède que la Troïka a fait des erreurs. Les victoires, ici, dans cette maison, ce ne sont jamais des victoires à 100%. Ce qui est important c’est que l’Europe change, et ça passe d’abord par les mentalités! Je voulais mettre en lumière des aspects occultés. Je ne peux pas laisser dire que tout va bien, que l’économie irlandaise est assainit, que la banque centrale espagnole va mieux, que la Grèce retrouve la croissance… Mais tout ça vient très tard pour ceux qui ont souffert de la fermeture d’une école, d’un hôpital, ceux qui ont perdu un emploi, qui ont du fermer leurs entreprises…

Propos Recueillis par Baptiste Mathon

 

Photo: Cuej/ Pierre Chambaud

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