14 mars 2013
L'Union doit adhérer au Comité Consultatif International du Coton pour participer pleinement à l'élaboration de normes concernant le commerce, le développement et l'agriculture.
Le secteur du coton est une importante source d'emplois et de revenus pour plus de 250 millions de personnes, aux stades de la production, de la transformation, du stockage et du transport. Or on assiste à une baisse des échanges, qui annonce une chute des prix et une diminution de la production mondiale. Pour que cette chaîne de valeur globale reste durable, il importe de la sécuriser, avertit Strasbourg. Priorité doit être donnée à l'élimination du travail des enfants et du travail forcé et à la lutte contre la dégradation de l'environnement, les restrictions à l'exportation et la volatilité des prix .
« Le coton constitue la majorité de nos habits. C'est comme une deuxième peau. Il est donc important que l'UE montre son intérêt pour cette question », a argumenté l'eurodéputé Niccolo Rinaldi (ALDE, Italie). C'est pourquoi le Parlement soutient la proposition de la Commission d'adhérer au Comité Consultatif International du Coton (CCIC), enceinte de coopération du domaine. Pour la Commissaire Androulla Vassiliou « en devenant membre à part entière de cette organisation, l'Union pourra avoir une stratégie réelle en ce qui concerne cette filière ». Et d'ajouter que la CCIC est « l'un des rares organismes de coopération auquel l'UE n'adhère pas ». Sept membres de l'UE y adhèrent d'ailleurs déjà à titre individuel, dont la France, la Belgique, l'Italie, la Grèce et l'Espagne. Le Parlement appele aussi la Chine, plus grand producteur et consommateur mondial de coton, à envisager son adhésion au CCIC.
Après avoir rappelé que l'UE est elle même producteur de coton, avec 370 000 hectares cultivés par 100 000 exploitants, principalement en Grèce et en Espagne, les eurodéputés insistent sur la lutte contre le travail des mineurs: Le CCIC estime que plus de 215 millions d'enfants de par le monde travaillent comme ouvriers dont 60% dans le secteur agricole, principalement le coton. L'Ouzbékistan, sixième producteur mondial, doit faire l'objet d'une attention particulière. Selon le roumain George Sabin Cutas (S&D) ,« les autorités y obligent les enfants à travailler dans les champs ». Ce pays a pourtant ratifié la convention qui interdit le travail des mineurs mais la transposition dans la loi nationale laisse à désirer. Or il continue de bénéficier de la part de l'Union de droits d'importation préférentiels pour ses exportations de coton au titre du système de préférences généralisées (SPG).
Plusieurs eurodéputés, toute tendance confondue, ont aussi fait part de leur volonté d'établir une législation contraignante pour les entreprises. « Les grandes marques sont conscientes de ce manque de normes. Les entreprises doivent avoir une responsabilité effective », a réclamé Paul Murphy (GUE, Irlande).
La résolution prie instamment toutes les parties prenantes du secteur de réduire la dégradation de l'environnement, particulèrement par l'utilisation excessive d'eau et de pesticides. Elle souligne aussi la nécessité de créer des conditions permettant aux petits producteurs des pays en développement d'accéder aux principales chaînes de valeur desservant l'industrie du textile et de l'habillement de l'Union.
Les eurodéputés ont adopté à main levée ce rapport de Cristiana Muscardini (PPE, Italie). Il reste au Conseil à se prononcer.
Crédit photo : Roman (flickr)
Olivier Mougeot