12 mars 2013
Pour s'associer à la journée de la femme, les euro-députés comptaient discuter de l’élimination des stéréotypes liés au sexe. Mais le débat a vite été monopolisé par un autre sujet : le droit imprescriptible à pornographie.
Contre toute attente, le rapport sur l’élimination des stéréotypes liés au sexe dans l’Union de l’eurodéputée nééerlandaise Kartika Tamara Liotard (GUE/NGL) aura tenu la vedette lors de la journée parlementaire rituelle de vénération de la femme. Proposant des mesures pour contrer les clichés dans l’éducation, la politique, ou encore sur le marché du travail, il suggérait aussi l’interdiction de la pornographie dans les médias, dont Internet. La proposition a fait un buzz dans les médias sociaux, et déclenché un avalanche de mails réprobateurs. Elle a aussi fait bondir certains députés dont le Suédois du parti pirate Christian Engström ou encore la députée verte néerlandaise Marije Cornelissen. “La pornographie relève de l’intime, a-t-elle déclaré. Et je ne pense pas qu’on doive aller aussi loin”.
“Ceux qui regardent du porno peuvent être rassurés”
“Je rappelle que ce n’est pas une proposition législative, s’est défendue Kartika Tamara Liotard lors de la présentation de son texte. Il s’agit seulement d’attirer l’attention de la Commission sur certains thèmes. Et ceux qui veulent regarder du porno peuvent être rassurés : le Parlement ne peut interdire ça !."
Au final, ne reste qu'un paragraphe observant que le nouveau statut culturel de la pornographie affecte principalement les jeunes. Toute autre mention de ce sujet délicat a disparu du texte adopté. Exit donc l’action sur le terrain numérique envisagée au niveau européen, les recherches que devait mener l’Union sur les liens entre pédopornographie et pornographie, entre pornographie et violence sexuelle chez les adultes, ou encore la suggestion de créer des organismes de régulation censés contrôler le secteur des médias. “Ce rapport avait indigné les citoyens, commente l’eurodéputé britannique ECR Charles Tannock. Là, il est plus raisonnable."
Si les eurodéputés se refusent à interdire la pornographie, ils encouragent vivement l'Union à donner l'exemple sur la voie de l’égalité : le texte demande aux Etats membres de proposer un homme et une femme comme candidats pour chaque poste de commissaire européen et invite le futur président de la Commission à viser la parité dans la composition du Collège.
Florence Stollesteiner