Vous êtes ici

Maria Arena :"Non rémunéré, le congé parental est réservé aux femmes"


12 mai 2016

Jeudi 12 mai, le Parlement européen a adopté le rapport de la député Maria Arena (S&D/gauche). Un texte qui souligne les inégalités d'application du congé parental par les Etats membres.

Dans votre rapport, quel bilan tirez-vous sur l'application de la directive du congé parental adoptée en 2010 ?

Le rapport démontre qu'il y a des faiblesses dans la transposition de la directive dans la législation des États membres. Il était question de favoriser la conciliation entre vie privée et vie professionnelle tout en luttant contre la discrimination faite aux femmes à l'emploi, mais l'objectif n'a pas été atteint. Dans de nombreux pays, les hommes, tout comme les femmes sont encore dans des fonctions traditionnelles. La femme est plutôt le pilier social, et l'homme le pilier économique. Donc si le congé n'est pas payé, les hommes ne le prennent pas dans la mesure où ils doivent garantir ce volet économique. Il faut que le congé parental soit rémunéré pour qu'il soit attractif pour les hommes. Non rémunéré, le congé parental est réservé aux femmes.

Quels sont les principaux facteurs de disparité entre les Etats ?

En plus de la rémunération, se mêle la question de la durée. Par exemple il y a des pays qui octroient des longues durées non rémunérées, ce qui contribue à cantonner la femme dans son rôle. Et d'autres pays qui donnent très peu de congé parentaux car ils considèrent la conciliation vie privée/vie professionnelle plus comme une charge que comme un investissement.

 

L'été dernier, le projet de directive sur le congé maternité a été abandonné par la Commission, n'est-ce pas là un mauvais signal pour une révision du congé parental ?

Pour la Commission, la directive maternité était sur la table depuis trop longtemps. Elle a jugé qu'il fallait lui redonner un nouveau départ en trouvant une approche plus globale qui incluerait le congé parental, maternité et paternité. Cela risque de nous faire perdre trois ans au minimum. Or, il y a urgence: si aujourd'hui les femmes reportent à ce point le fait d'avoir des enfants c'est qu'il y a un véritable problème. Il faut faire en sorte que les couples n'aient pas à choisir entre la vie privée et la vie professionnelle.

Recueilli par Delphine Lahondé & Mélanie Kuszelewicz 

 Photo Delphine Lahondé / CUEJ

Imprimer la page