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Grèce: le Parlement européen s'insurge


15 février 2012

 

La Grèce a véritablement bousculé l'ordre du jour de la préparation du Conseil européen, mercredi à Strasbourg. Les eurodéputés s'en sont pris durement à la Commission européenne et au Conseil, alors que la réunion de l'eurogroupe, qui devait débloquer les 130 milliards d'euros promis à Athènes, a été reportée à lundi prochain.

Premier angle d 'attaque, celui de mesures d'inspiration trop libérales qui seraient imposées à la Grèce."L'attitude de la Troïka n'est pas responsable, elle est criminelle! Si les talibans libéraux règnent à la Commission, l'Europe sera mal partie!" a lancé Daniel Cohn Bendit au nom des Verts.

D'autres eurodéputés se sont ouvertement posé la question du maintien de la Grèce au sein de la zone euro. Certains se sont même demandé si il n'y avait pas un agenda caché de la Commission pour une mise à l'écart d'Athènes. Rebondissant sur une déclaration de la commissaire en charge de la société numérique Neelie Kroes, l'eurodéputé français Joseph Daul (PPE) a interpellé la Commission "Je suis étonné de cette position à l'égard de la Grèce, est-ce une position officielle ? ". Mme Kroes avait affirmé qu'il n'y aurait « absolument pas mort d'homme si quelqu'un (quittait) la zone euro. » dans la publication néerlandaise De Volkskrant.

D'autres députés se sont montrés persuadés qu'un retour à la drachme serait la meilleure solution." La Grèce semble avoir été rayée de la carte, personne n'y croit. La Grèce sera mieux lotie si on votait sa sortie de la zone euro ", s'est exclamé Martin Callanan (ECR, britannique). Propos auxquels a fait écho son collègue néerlandais Barry Madlener (NI) "La Grèce est malade et le seul médicament  possible est la réintroduction de la drachme."

Les députés ont aussi dénoncé la multiplicité des sommets européens qui ne trouvent pas de solution à la crise grecque : "Qu'attendent les citoyens d'un conseil européen de plus? Des décisions courageuses qui surmontent les égoïsmes nationaux" a affirmé Edite Estrella (S&D):  Avis partagé par le néerlandais Barry Madlener (NI) : " les sommets (sont) annoncés avec grand fracas et ne sont plus crédibles (…) ils ne règlent pas la crise. " Ce à quoi Martin Callanan (ECR, britannique) a ajouté " les sommets européens ne sont pas ancrés dans la réalité ".

Alexanfer Graf Lambsdorff, pour l'ALDE, a voulu tempérer cette charge unilatérale :" La Grèce a beaucoup promis mais peu agi ".

Les deux institutions attaquées ont tenu à défendre leur politique. Maros Sefcovic, commissaire chargé des relations inter-institutionnelles et de l'administration, a réaffirmé la position de la Commission vis-à-vis de la Grèce: "Soyons clairs, nous souhaitons que la Grèce reste dans la zone euro (...) nous travaillons jour et nuit pour préparer un plan pour la Grèce, sans pause estivale, sans congés." Au nom du Conseil, le ministre danois Nicolai Wammen a garanti que l'on pouvait "commencer à espérer ramener la Grèce dans le droit chemin. Nous devons aider les Grecs (...) Lundi, une réunion importante nous attend." Avec à la clef 130 milliards d'euros et un effacement partiel de la dette grecque.

Lisa Agostini

 

 

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