Un homme a été condamné à trois ans d'emprisonnement dont un avec sursis pour agression sexuelle sur sa fille d'une dizaine d'années et deux de ses amies. Il a aussi pris des photos et vidéos de ses victimes, nues, qu'il a diffusées sur internet.
Derrière les parois de verre, le grand gaillard bedonnant, le visage marqué par ses cinquante années de vie, et secoué de tics fait face aux déclarations du juge. « Dans vos débordements, vous n'avez aucune limite, résume le président du tribunal Jean-Batiste Poli. Vous êtes un véritable pédophile de proximité. »
« Du donnant-donnant » sur le net
Entre 2015 et 2017, ce Mosellan d'origine, divorcé, a pris photos et vidéos de sa fille nue et dans des positions « équivoques ». Il a également pris des images de deux des amies de sa fille, lorsque celles-ci étaient invitées à passer la nuit chez lui. Ces images, il les diffusait sur internet, en échange d'autres du même genre. « Du donnant-donnant », aurait-il expliqué devant le juge d'instruction.
Il avait aussi pour habitude de retoucher des photos de femmes nues, en leur remplaçant le visage par celui d'un enfant. « Des bêtises », tente de se justifier le prévenu, « comme ça, pour m'amuser ». Sous le pseudonyme de Manon, il tentait aussi d'amadouer de jeunes filles sur Facebook, leur demandant de lui envoyer des photos intimes. Au total, 255 images ont été retrouvées sur son ordinateur par les gendarmes.
Mais l'homme ne s'est pas arrêté pas là : il est aussi jugé pour agression sexuelle. Il a touché et caressé ses victimes, sur la poitrine et le sexe. « Ça arrivait que je lui lise une histoire, qu'on s'amuse, qu'on se donne des petits coups, et ça a dérivé », se défend-il en parlant de sa fille. En revanche, il nie pour une de ses amies, expliquant simplement lui avoir appliqué une compresse et de l'antiseptique « sur le haut des fesses », après une chute de vélo.
Privé de paternité
« Les faits relatés sont particulièrement sordides et abjects, mais aussi douloureux pour sa fille, qu'il a utilisée », s'élance la procureure de la République, Sonia Loos. « Et vous dites aimer votre fille... » Le verbe accusateur de la procureure le prive peu à peu de sa qualité de père. « Vous avez donné le sexe de votre fille en pâture sur internet. Ça prouve qu'elle est un objet pour vous. » Le ministère public requiert deux ans d'emprisonnement, ainsi qu'une ordonnance d'éloignement envers sa fille et ses amies.
La défense prend le parti de rappeler son enfance, difficile. Humilié en public par sa mère pendant son enfance, il éprouve une « défiance envers les femmes autoritaires ». Son comportement est la marque d'une « affection qui peut être déviante. Mais c'est sa façon d'aimer », tente maître Déborah Diallo, son avocate, comme ultime parade. Elle demande que le retrait de l'autorité parentale ne soit pas entier : ce serait une « façon de sanctionner aussi la fille », se justifie-t-elle.
Au bout d'une heure d'audience, les juges rendent leur verdict. Reconnu coupable d'agression sexuelle sur sa fille et ses deux amies, de détention, diffusion et échange d'images pédopornographiques sur internet, l'homme écope de trois ans d'emprisonnement, dont un avec sursis. Il doit aussi suivre des soins et n'est pas autorisé à rentrer en contact avec sa fille.
Baptiste Decharme.