Un homme a été condamné lundi à Strasbourg à six mois d’emprisonnement pour avoir insulté le 23 février la directrice du centre de semi-liberté de Souffelweyersheim, après avoir détruit la télévision de sa chambre.
Le palais de justice de Strasbourg. Crédit photo : Claude Truong-Ngoc / Wikimedia Commons
L’homme de 46 ans qui comparaissait lundi 26 février devant le tribunal correctionnel de Strasbourg pour outrage et destruction en récidive a eu le mérite de la franchise. Déjà condamné à de multiples reprises depuis 1996 pour des faits d’outrages, de menaces de mort et de violences, il bénéficiait depuis le 15 février d’une mesure de liberté conditionnelle et devait passer ses nuits au centre de semi-liberté (CSL) de Souffelweyersheim. « Cela n’a pas duré bien longtemps », ironise Muriel Zecca-Bischoff, la présidente du tribunal, durant l’audience. « Huit jours comme la dernière fois », répond l’intéressé, bravache.
« Je l’ai pas balancée, je l’ai pliée en deux ! »
Le 23 février, le prévenu s’est énervé dès son retour au CSL en soirée. « Ouais », acquiesce-t-il, sans laisser à la présidente le temps de continuer le déroulé les faits. Il a ensuite tapé sur les murs de sa chambre pendant 30 minutes. « Ouais ». A déclaré au personnel : « De toute façon, je vais pas rester longtemps ». « Ouais ». Le lendemain, il a « balancé » la télévision de sa chambre, selon les mots de la présidente. « Je l’ai pas balancée, je l’ai pliée en deux ! », s’énerve l’homme, qui admet aussi avoir copieusement insulté la directive du CSL qui lui demandait de se calmer. « C’est que des mots », minimise-t-il. La présidente évoque ensuite des dégâts à un lavabo. Colère du prévenu qui s’exclame : « Le lavabo, je le paierai jamais ! La télé, je l’ai plié, mais le lavabo c’est pas moi ! »
Le prévenu ne souhaite pas s’expliquer sur ses agissements. « Je suis comme ça », justifie-t-il laconiquement, avant d’ajouter, à propos du centre de semi-liberté de Souffelweyerhseim : « Si je retourne là-bas, je tue quelqu’un ».
Connu à l’Elsau
La procureure Helen Frame regrette « le positionnement » du prévenu, qui « reconnaît les faits » mais sait, vu son casier, « que les mots blessent aussi ». Elle requiert 10 mois d’emprisonnement avec mandat de dépôt, dans un autre établissement que la maison d’arrêt de l’Elsau, où l'homme est déjà connu pour violences.
La défense fait état des idées suicidaires du prévenu. « Son problème fondamental, c’est qu’il n’a pas été suivi », regrette Me Jules Tassi, en demandant au tribunal de prévoir un suivi « psychologique ou psychiatrique ».
L’homme est finalement condamné à six mois d’emprisonnement avec mandat de dépôt à la maison d’arrêt de Mulhouse. « Pourquoi à Mulhouse ? Je vais à Mulhouse ? », s’étonne-t-il, l'air supris par la décision. Il est également tenu de rembourser la télévision, mais pas le lavabo, faute de preuve.
Laurent Rigaux