La Commission européenne a lancé mercredi 5 février une enquête contre Shein, le géant chinois de la fast-fashion, pour ne pas respecter le droit européen sur la protection des consommateurs. Depuis sa création en 2008, Shein est dans le viseur de nombreux gouvernements et ONG, qui l’accusent de dérives et pour son impact sur l’environnement.
470 000 vêtements sont disponibles en temps réel sur la plateforme commerciale Shein. Photo Pixabay / Michal Jarmoluk
La Commission européenne a annoncé mercredi 5 février le lancement d’une enquête contre le vendeur chinois de vêtements en ligne Shein. L’enseigne de mode classée préférée des Français en 2024, selon une étude de l’application de shopping Joko, est soupçonnée de ne pas respecter le droit européen sur la protection des consommateurs.
La marque, créée en 2008, est devenue le symbole des dérives sociales et environnementales des entreprises de la fast-fashion. Produire encore et toujours plus vite, la plateforme séduit par son immense quantité de produits pour des sommes dérisoires. Mais c’est loin d’être sans conséquences. On fait le point.
16,7 millions de tonnes de dioxyde de carbone par an
Un désastre. On ne voit pas un autre mot pour qualifier les conséquences environnementales du géant de la mode. Shein produit et ajoute sur son site en moyenne plus de 7 200 modèles de vêtements par jour selon un rapport publié par l’ONG Les Amis de la terre, publié en 2023. Il estime à 470 000 le nombre approximatif de vêtements disponibles en temps réel sur le site. “C’est au minimum un million de vêtements produits, soit entre 15 000 et 20 000 tonnes de CO2 émises par jour”, ajoute l’ONG. 2 700 litres d’eau sont consommés pour la fabrication d’un t-shirt, soit la consommation moyenne d’un Français pour 17 jours.
Une atteinte aux droits humains
Plusieurs ONG et parlementaires américains accusent la plateforme de fast-fashion d’avoir recours au travail forcé. Une enquête de Bloomberg, publiée en 2022, révèle notamment l’utilisation contrainte des Ouïghours, une minorité musulmane persécutée en Chine. Le gouvernement américain envisage d'ajouter les plateformes chinoises de ventes en ligne Shein et Temu à la liste des entreprises suspectées de recourir au travail forcé.
L’ONG Public Eye Researcher a enquêté sur le sujet et estime que les ouvriers des usines Shein travaillent 11 à 12 heures quotidiennement et produisent 120 pièces en moyenne par jour. Aucun jour de repos, et les normes de sécurité ne seraient pas non plus respectées selon l’ONG.
Interrogé à plusieurs reprises sur ce sujet, Shein affirme que “ les partenaires fournisseurs doivent aménager les horaires de travail de manière raisonnable et se conformer aux lois et réglementations locales.”
Des produits toxiques retrouvés dans les vêtements
En 2022, Greenpeace Allemagne a fait analyser 42 produits vendus par Shein. Dans 15 % des cas, l’ONG a trouvé des produits dangereux en quantité inquiétante dépassant parfois les limites européennes, entre 100 et 600 fois au-dessus des normes.
Un taux record de phtalates, des perturbateurs endocriniens et métaboliques, plus de 650 fois le taux réglementaire, a été retrouvé dans une paire de bottes de neige noires selon l’ONG.
#Sheinstolemydesign
Shein a été accusé à plusieurs reprises de voler le design de créateurs et de s’approprier illégalement leur travail. L’une d’entre elles, Cassey Ho, avec plus de 3,2 millions d’abonnés, a posté sur ses différents réseaux et sur son site Blogilates un coup de gueule. “C'est finalement arrivé. Ils ont volé mon design. SHEIN A VOLÉ MON DESIGN. J'aimerais pouvoir dire ‘Je ne peux pas y croire’ mais j'ai vu de nombreuses vidéos et articles écrits sur Shein volant carrément les créations de designers indépendants”, écrit-elle en accompagnant de photos et de captures d’écran d’une jupe. Son modèle, et celui sur Shein sont extrêmement similaires, dans les moindres détails.
Le hashtag #Sheinstolemydesign a fait son apparition sur le réseau social TikTok, comptabilisant 17 millions de vues en juillet 2023.
Plus gros encore, des entreprises comme Zara ou encore Levi's accusent Shein d’avoir volé les designs de certaines de ses créations. En 2023, l’entreprise suédoise H&M a poursuivi le géant de la fast-fashion pour violation des droits d’auteur.
Elsa Rancel
Édité par : Louise Pointin