Six associations de défense des droits de l'homme organisent mercredi soir une table ronde consacrée aux conséquences migratoires des bouleversements politiques au sud de la Méditerranée.
Des migrants venus d'Afrique du Nord arrivant sur l'île de Lampedusa, au sud de l'Italie, le 7 mars 2011 (Photo: Antonio Parrinello / Reuters)
Plus de 1 500 personnes se sont noyées ou ont disparu en tentant de traverser la Méditerranée en 2011, la plus meurtrière des mers pour les réfugiés l'an dernier, a révélé en janvier le dernier rapport (pdf) du Haut commissariat de l'ONU pour les réfugiés. C'est l'une des tristes conséquences du Printemps arabe, et notamment du renversement des régimes en Tunisie et en Libye. Selon ce même rapport, plus de 58 000 personnes sont arrivées en Europe via la Méditerranée l'an dernier, un autre record.
La Cimade, dont l'une des principales missions est d'accueillir et d'accompagner les migrants et demandeurs d'asile, dénonce aujourd'hui les conditions d'accueil que l'Europe réservent à ces réfugiés. "On laisse les gondoles coulées", s'indigne Emilie Venner, permanente à la Cimade de Strasbourg, reprochant à l'Europe et la France d'avoir fermé leurs frontières à ces réfugiés venus du sud de la Méditerranée.
Ce refus de la politique migratoire européenne sera notamment au menu de la table ronde co-organisée ce mercredi soir par la Cimade à Strasbourg. Consacrée aux conséquences migratoires des bouleversements politiques au sud de la Méditerranée, elle se tiendra à 20 heures au Foyer de l'étudiant catholique à l'initiative de cinq associations de défense des droits de l'homme.
Perspectives démocratiques
Geneviève Jacques, ancienne secrétaire générale de la Cimade dont elle est toujours membre, a participé à deux missions en avril et mai 2011 pour enquêter sur la situation des migrants, l'une à la frontière entre la Tunisie et la Libye et l'autre à la frontière entre l'Egypte et la Libye. Elle reviendra sur ce qu'elle a pu observer et comprendre lors de la table ronde.
Mouhiedine Cherbib, membre de la Fédération des Tunisiens pour une citoyenneté des deux rives, sera également présent pour analyser la façon dont les migrants de Tunisie sont accueillis en Europe. Ce Tunisien avait été condamné en 2008 à deux ans de prison par le régime de Ben Ali pour avoir animé depuis Paris un comité de soutien au mouvement social des miniers de Gafsa.
Rentré dans son pays après la révolution pour se faire acquitter, il éclairera également les tentatives de construction d'une démocratie qui se mettent aujourd'hui en place en Tunisie. Car les conséquences des révolutions arabes touchent des domaines bien plus larges que l'immigration. Madjid Bouzar, responsable du master des relations internationales à l'Université de Strasbourg, s'attachera justement à analyser les causes et les perspectives démocratiques soulevées par ces événements.
Marion Garreau