Le trio Strasbourgeois a envouté mercredi soir la salle bondée du Camionneur dans la capitale alsacienne.
Un concert onirique pour dépasser les accusations de racisme dont a été victime le groupe.
Série You must go on, réalisée lors du tournage du clip du même nom pour Polaroid3. Crédit: Philippe Savoir
Un concert onirique après le cauchemar du "bad buzz". Le trio strasbourgeois Polaroid3 est remonté hier soir sur la scène du Camionneur dans la capitale alsacienne, après avoir dû annuler le 18 février son concert parisien. Devant une salle bondée, le groupe est revenu, dès la première chanson, sur la sortie "un peu particulière" de leur premier album Rivers. "On est très affectés par une polémique et on voudrait remercier toutes les personnes très présentes avec nous ces derniers jours" a lancé avec émotion la chanteuse Christine Clément, sous les encouragements et les applaudissements chaleureux de la salle.
Tous dans l'auditoire ne sont cependant pas au courant des accusations de racisme portées contre les musiciens locaux. Loïc a vu le clip Rivers mis en cause, mais ne comprend pas les allégations. "Il n'y a rien de raciste dans leur esthétique, lance interloqué l'instituteur d'une trentaine d'années, jamais j'aurais pu penser à ça". C'est en effet un tout autre message dont sont porteurs les musiciens. Leur volonté est de créer des ponts avec la musique, comme à Mitrovica, au Kosovo, où le groupe s'est rendu à plusieurs reprises dans le cadre d'un projet d'école de rock avec l'ONG Musicians without borders.
Série Rivers, réalisée lors du tournage du clip du même nom pour Polaroid3. Crédit: Philippe Savoir
Le trio, également composé de Christophe Imbs au clavier et de Francesco Rees à la batterie, a ensuite pu dérouler son univers musical fantasmagorique si singulier. Bien que difficilement définissable, et malgré l'acoustique discutable de la salle, l'atmosphère de ces membres du Collectif Oh! transporte. Leur trip-hop expérimentale, aux envolées autant vocales qu'instrumentales rappellent Woodkid, Son Lux où These New Puritans avec le lyrisme de Barbra Streisand où de Marianne Faithfull sur un poème d'Emily Dickinson.
Et Polaroid3, dans cette diversité de sonorités, invite sur scène d'autres musiciens. Guitare, acordéon, Saxophone, violoncelle et violons viennent s'accoupler, entre rêve éveillé et réalité, aux phases planantes et montées chimériques. "Ça m'a fait voyager", lâche les yeux encore écarquillés Elodie, étudiante strasbourgeoise, à la sortie du concert. Plus d'une heure d'odyssée dont on sort la tête emplie de songeries.
Joris Bolomey