Devant ses partisans nationalistes, Viktor Orban, le premier ministre hongrois, a prononcé ce mardi 7 février son discours annuel sur "l'état de la nation" à Budapest. Dans la salle, beaucoup de drapeaux hongrois mais aucun drapeau européen.
Comme à son habitude, Viktor Orban en a profité pour jetter l'opprobre sur l'Europe. Photo: CC Europa pont
"Cela va être long et difficile donc attachez vos ceintures", a commencé Viktor Orban. Il n'hésite pas à reprendre les mots d'Abraham Lincoln : "Je veux gouverner par le peuple et pour le peuple." Il évoque ensuite 2011. "Tout le monde savait que cette année serait excitante - en faisant référence à la présidence de la Hongrie à l'Union européenne pour la première fois depuis son adhésion de 2004 - mais personne ne pouvait savoir ce qui nous attendait."
Le premier ministre règle ses comptes avec l'Europe : "Elle est comme l'alcool, elle nous inspire à faire de grandes choses, mais n'autorise pas à les réaliser." Quelques semaines plus tôt, la Commission européenne avait annoncé le lancement de trois procédures d'infraction au droit communautaire à l'encontre de la Hongrie, à propos de réformes de la banque centrale, de la justice et de l'autorité hongroise de protection des données.
Pour lui, la Hongrie est capable de s'en sortir seule. Il rappelle l'histoire de deux villages, Devecser et Kolontàr. En octobre 2010, une coulée de boue rouge a inondé ces deux communautés, faisant sept morts. "Leurs habitants ont beaucoup plus souffert que n'importe quelle victime de la crise économique. Ils ont tout perdu, mais ils ont réussi à reconstruire leur village."
"Nous devons suivre notre propre chemin"
Pour lutter contre le chômage, un héritage des socialistes, les solutions d'Orban sont simples. Premièrement, il évoque la situation des entreprises étrangères. Selon lui, son pays n'a pas besoin d'investisseurs, qui viendraient éliminer les entreprises hongroises du marché. Mais il attend avec impatience les entreprises qui "donnent du travail aux Hongrois, comme Audi et Mercedes. Les autres doivent quitter le pays".
Deuxièmement, il veut faire adopter une nouvelle loi concernant le système universitaire, en partie gratuit. "Ceux qui sont payés par l'Etat pour faire des études supérieures, devront rester en Hongrie pour travailler."
Il a conclu son discours en restant confiant. "Les Hongrois vont de l'avant, ils sont persuadés qu'ils méritent mieux. Nous ne devons pas prêter attention à l'inquiétude des Européens. Nous devons suivre notre propre chemin. Bonne chance la Hongrie, bonne chance les Hongrois."
Maria-Dominique Illés