De plus en plus d'études indiquent les dangers de cette matière pour la santé et l'environnement, difficile, mais pas impossible à éliminer au quotidien.
Savon et shampoing solides, mouchoirs réutilisables, sachets en tissu pour les courses … Dans leur appartement à la Robertsau, au nord de Strasbourg, Marie, journaliste et naturopathe de 36 ans, ses deux enfants, et son compagnon Marc, viennent de passer une année zéro déchet.
À vingt ans, Marie se définissait pourtant comme trop grande consommatrice. « J'ai eu mon premier boulot, mes premiers salaires, j'achetais beaucoup de choses. » Le déclic s'est opéré il y a dix ans, lors de la naissance de sa fille Alice. Elle s'est alors tournée vers un mode de vie plus respectueux de l'environnement. Elle a commencé par lutter contre le gaspillage, avant de s'intéresser à la réduction des déchets. L'été 2017, la famille réalise qu'elle produit dix litres d'ordures par semaine. « C'était encore trop, on a voulu passer à zéro. »
La jeune femme boit son thé, assise en tailleur sur son canapé gris. Énergique et souriante, elle revient sur son expérience : « On a décidé, du 1er septembre 2017 au 31 août dernier, de totalement supprimer les ordures non recyclables, et d'arrêter d'acheter des objets voués à être jetés, comme les vêtements. » Elle annonce fièrement : « On a divisé par cinq notre production de déchets recyclables, et on ne consomme quasiment plus de plastique ».
Moins d'un tiers des emballages plastiques sont recyclés
La vidéo de poissons nageant au milieu de morceaux de plastique, largement partagée cet été sur les réseaux sociaux, et les différentes études révélant ses dangers pour la santé ont mené à une prise de conscience générale. Cette matière est pourtant omniprésente : bouteilles, emballages… « Sa production est peu coûteuse pour les entreprises », explique Simon Baunet, cofondateur de Zéro Déchet Strasbourg. « Et recyclable ne veut pas dire recyclé. Une part importante est incinérée ou mise en décharge. » Selon une enquête du magazine 60 Millions de consommateurs, seulement 26% des emballages plastiques sont recyclés.
Comment éliminer le plastique dans différentes pièces de la maison ?
Une habitude à prendre
Pour tenir son engagement, Marie achète ses aliments au marché, ou dans des épiceries vrac. Des produits bruts et vendus à l'unité. « Je fais mes courses deux fois par semaine. Passer au zéro déchet a un coût, ça nécessite de prendre le temps de changer ses habitudes. Mais une fois qu'elles sont modifiées, c'est accessible à tout le monde », estime-t-elle. Ce mode de vie ne semble pas déranger Alice et son petit frère Simon. Pour Noël par exemple, les enfants n'ont pas reçu de jouets, mais une journée à Europapark. « Ils étaient super contents », défend Marie.
Le zéro déchet nécessite tout de même quelques sacrifices. La famille a dû abandonner certains aliments difficiles à trouver sans emballage, comme le beurre et le chocolat. Ils ont aussi fait face à des difficultés. « On peut tout à fait fabriquer notre dentifrice nous-même, mais je préfère celui en tube. De même, on a testé les brosses à dents en bambou. Les poils sont en nylon : il faut scier la tête avant de la mettre au compost, on a donc repris du plastique. C'est un peu notre échec de l'année », admet-elle.
Malgré tout, la famille souhaite continuer. « Alice a proposé de retenter l'expérience une année sur deux », sourit sa mère. Ils ont appris à ne pas consommer plus que ce dont ils avaient besoin. « On va continuer d'être ultra-vigilants pour produire le moins de déchets possibles. »
Trois conseils pour réduire sa production de déchets plastiques
Mathilde Obert