Alif, rappeur strasbourgeois, s'émeut du départ de la jeune Nora partie, à 15 ans, faire le djihad en Syrie.
"Reviens, reviens, Nora". C'est le message simple et émouvant qu'Alif, un rappeur de la banlieue strasbourgeoise, adresse à Nora, une avignonaise de 15 ans partie faire le djihad en Syrie. La vidéo, postée le 13 février, a déjà été vue 3684 fois au moment où nous écrivons cet article.
"Nora part pour la Syrie, bille en tête, elle veut aider des frères". Son frère (à gauche sur la photo) attend en permanence des nouvelles de sa soeur.
Le 23 janvier, Nora, élève en seconde à Avignon, n'est jamais rentrée chez elle. La jeune fille aurait rejoint Paris par le train puis rallié Istanbul en avion. Selon les premiers éléments de l'enquête, elle se terrerait à la frontière turco-syrienne. Son père, détruit par sa disparition, s'est confié au Dauphiné Libéré (article payant) : "Je lui ai demandé de ne pas porter le foulard, mais elle a insisté pour continuer à le faire. Dans notre famille, nous faisons la prière, mais nous n'imposons rien à nos enfants."
Son frère, Fohad, est parvenu à rentrer en contact avec elle par le biais des réseaux sociaux. Dans un reportage diffusé dans l'émission "Sept à Huit", il explique ne plus dormir et ne plus rien faire d'autre de ses journées que d'attendre des nouvelles de sa soeur.
Avec cette vidéo, Alif, lui, prend un contre-pied total par rapport à sa dernière oeuvre médiatisée. Le rappeur s'était fait connaître à Strasbourg avec sa chanson ambigüe sur Mohamed Merah, le tueur en scooter de Toulouse. Le clip a été vu plus de 200 000 fois.
En décembre dernier, 14 jeunes strasbourgeois, dont deux frères, agés d'une vingtaine d'années, étaient partis en Syrie. Leurs familles n'avaient rien vu venir et demeure depuis sans nouvelles de leurs enfants. Ces jeunes, d'origine maghrébine ou turque, éloignés de l'islam radical ont pris contact avec des recruteurs via les réseaux sociaux. Ils ont ensuite rejoins la Syrie en passant par la Turquie.
Olivier Mougeot