Les championnats du monde d'aéromodélisme se tiennent jusqu'au samedi 25 février, à Strasbourg. Dix-huit équipes du monde entier sont venues concourir.
Pendant cinq minutes, les participants doivent exécuter toutes les figures imposées dans l'ordre qu'ils veulent. Photo: Cuej/Guilhem Dubernet.
Dans le large gymnase, ce qui frappe, c'est le silence qui y règne. Malgré une centaine de personnes présentes, seul un léger murmure se fait entendre. Au-dessus du terrain, un avion en plastique vole lentement en effectuant des figures. Même le moteur de l'appareil ne produit presqu'aucun bruit. Au sol, son propriétaire le pilote avec une télécommande, campé sur ses pieds.
"Quatre ou cinq compétiteurs sérieux"
Le gymnase de la Rotonde, à Strasbourg, accueille jusqu'au samedi 25 février les championnats du monde de F3P, code sybillin donné à une pratique spécifique de l'aéromodélisme. Il s'agit de réaliser des figures en intérieur avec des modèles réduits d'avions face à un jury. A Strasbourg, ils sont cinq à évaluer les candidats. Ces derniers ont cinq minutes pour effectuer des figures imposées. Rémy Huckel, le président de la ligue Grand Est d'aéromodélisme et en charge de l'évènement, estime que parmi les "1 200 personnes en Alsace qui pratiquent l'aéromodélisme, ils sont environ 300 à faire du F3P, dont quatre ou cinq compétiteurs sérieux".
La précédente édition du championnat s'était déroulé en Pologne, en 2015. L'Autriche y a remporté le titre. Mais pour cette année, Rémy Huckel a de bons espoirs pour la France, "dans le top 3 des équipes", selon lui.
Un participant tchèque se prépare pour son passage et vérifie le bon fonctionnement de son avion. Photo: Cuej/Guilhem Dubernet.
Le silence dans le gymnase n'est pas dû qu'à la concentration. "Le moindre bruit un peu trop fort ferait bouger les avions pendant le vol, ils ne pèsent que 58 grammes", explique Rémy Huckel qui ajoute qu'il "a coupé la ventilation". Afin de garantir le plus grand calme, les premières phases de la compétition sont fermées au public "qui pourrait bouger, parler, gêner la compétition". L'obsession de la moindre perturbation peut provoquer quelques scènes ubuesques. Un des organisateurs va ainsi jusqu'à empêcher une femme de ménage de sortir pendant un vol, de peur que la porte ne provoque un courant d'air.
Dix-huit équipes internationales
Les participants viennent parfois de loin. Et les voyages ne se sont pas toujours déroulés sans encombre. Devin McGrath, originaire de Washington, a bien failli ne pas pouvoir participer. A son arrivée en France, un douanier peu précautionneux a déchiré son appareil, très fragile et coûtant près de 700 dollars (environ 660 euros). Heureusement, Devin a eu le temps de le réparer quelques jours avant le début de la compétition. Car les participants élaborent eux-même leurs avions, en choisissant des batteries ou des moteurs particuliers et parfois très onéreux. A Strasbourg, presque tous les appareils sont faits d'un cadre léger recouvert d'un film plastique. Certains, comme les Japonais, ont encore des modèles plus anciens, faits de mousse "et qui peuvent peser jusqu'à 300 grammes", explique Rémy Huckel.
Pour les Japonais, le championnat est l'occasion de retrouver "des amis de longue date". Photo: Cuej/Guilhem Dubernet.
L'organisateur raconte également l'histoire du participant chinois, seul de son pays à être venu et que les organisateurs ont "perdu pendant quatre jours, sans savoir où il était". Le jeune Chinois est réapparu la veille des inscriptions des participants. Chez les Canadiens, venus à quatre, le maximum autorisé par équipe, on présente fièrement James Millson, 11 ans, le plus jeune de la compétition, décrit par ses camarades cinquantenaires comme "le meilleur de l'équipe". Le jeune James se prépare depuis deux ans à ce championnat, depuis la fin de la précédente édition en Pologne et la présentation des figures imposées pour le championnat strasbourgeois. Il ne compte pas s'arrêter aux avions en plastique. L'enfant veut "devenir pilote de chasse".
Dans l'équipe japonaise, Naoya Miyamoto ne se fait pas d'illusion. "On est pas très bon, explique-t-il, ça fait qu'un mois que je m'entraîne..." Pour ce pilote originaire de la région de Tokyo, le plus important n'est pas dans la compétition, mais plutôt "de pouvoir retrouver des amis de longue date, qu'on ne verra pas pendant un moment". C'est qu'au sein de la communauté fermée de l'aéromodélisme, les amitiés ne datent pas d'hier. Les phases finales, comportant des épreuves de freestyles, seront ouvertes au public, vendredi 24 et samedi 25 février. A partir de dimanche, chacun repartira dans son pays pour commencer à s'entraîner pour la prochaine édition, deux ans plus tard.
Guilhem Dubernet
Informations pratiques: Phases finales du championnat ouvertes au public, les vendredi 24 et samedi 25 février 2017, toute la journée. Au Gymnase de la Rotonde, Rue Pierre Nuss, Strasbourg. Entrée libre et gratuite.