Le personnel des urgences des Hôpitaux universitaires de Strasbourg a lancé, lundi soir, un appel sur les mauvaises conditions de travail et de soin dans leur service.
Mardi matin, aux urgences des Hôpitaux universitaires de Strasbourg. Dans la salle d'attente, une poignée de personnes attend d'être soignée. Les infirmiers et les médecins les accueillent les unes après les autres, toujours souriants, l'air plutôt détendu. Pourtant, cette première impression est trompeuse, affirme Syamak Agha-Babaei, médecin urgentiste aux Hopitaux universitaires de Strasbourg (HUS), membre de l'association des médecins urgentistes en France et également Conseiller municipal de Strasbourg (PS) :
Syamak Agha-Babaei est l'un des signataires de l'appel lancé lundi soir par une partie du personnel administratif et médical des urgences des HUS. Près de 200 employés travaillent aux urgences de l'Hôpital civil et de l'Hôpital de Hautepierre. Ils sont une cinquantaine à avoir co-signé l'appel.
Les signataires dénoncent surtout les conditions de travail du personnel et la mauvaise qualité des soins. Pour Pascal, infirmier aux urgences depuis trois ans, il est difficile de prendre en charge les patients dans ce contexte :
Les médecins sont obligés d'envoyer les patients vers d'autres services d'urgences à la périphérie de Strasbourg. Ils doivent parfois traverser la frontière pour se faire soigner côté allemand à Kehl, s'indignent les signataires de l'appel. Ce qui est dur pour les patients l'est aussi pour le personnel qui "au milieu de tout cela est épuisé, en burnout". Le collectif de signataires précise que plus de 80 % du personnel soignant des urgences des HUS a quitté le service depuis 2008. Le Dr Syamak Agha-Babaei explique ce chiffre élevé :
L'appel critique la répartition injuste du travail entre service public et service privé. Pendant que les urgences privées n'acceptent que les patients les plus simples à traiter, les urgences publiques devraient prendre en charge tous les patients, y compris les plus fragiles et les plus âgés. En cause, le système de tarification à l'activité. Ces personnes, souvent obligées d'être hospitalisées pendant une longue période, seraient considérées comme peu "rentables" par certains services hospitaliers. Résultat : elles restent parfois beaucoup plus longtemps aux urgences que nécessaire. Pour corriger ce dysfonctionnement, il faudrait lancer un débat politique à l'échelle nationale, estime Syamak Agha-Babaei :
L'Agence Régionale de Santé (ARS) d'Alsace, elle, reste muette pour le moment.
Änne Seidel