Depuis mardi les rues de la capitale sont à feu et à sang. Un déchainement de violence soudain, après trois mois de tensions. Explications.
La place de l'Indépendance à Kiev, en avril 2009 (en haut) et le 20 février 2014. (Photo/AFP)
Jusqu'à cette semaine, le bilan des affrontements, débutés fin novembre en Ukraine, était de 5 morts. En moins de trois jours, ce bilan a été multiplié par 12. Cela faisait plusieurs mois que les opposants occupaient la place de l'Indépendance de Kiev. Alors pourquoi un déchainement de violence a-t-il éclaté si subitement?
« Ça on ne le sait vraiment pas, explique Dominique Moïsi, spécialiste en relations internationales. Que ce soit un accident ou une décision délibérée, je pense que la situation était "mûre" pour que ça arrive. Je privilégie quand même la thèse de l'accident, personne ne voulait tous ces morts. » L'élément déclencheur est en effet difficile à cerner dans une période où la tension est si élevée.
Ianoukovitch aurait "décidé d'assumer"
C'est depuis le 21 novembre et le refus du président Viktor Ianoukovitch de signer un accord avec l'Union Européenne (UE) que les manifestations ont débutées. Trois mois pendant lesquels les phases de manifestations, d'altercations et de tensions ont alterné entre opposants au gouvernement et policiers.
Le président ukrainien « aurait décidé d'assumer cette explosion de violence», selon Dominique Moïsi, et ce malgré le déluge des condamnations internationales. Une position qui devrait être de plus en plus difficile à tenir étant donné l'évolution exponentielle du nombre de morts. En deux jours, le total des victimes de ces affrontements est passé de 25 à 60.
Les grandes dates de la protestation ukrainienne depuis novembre 2013. (Infographie CUEJ / Claire Le Moine)
Hélène Faucher (avec AFP)