Au volant d'une voiture endommagée, Ali K. se fait arrêter pour conduite en état d'ivresse. Son avocat décide de défendre son client d'une manière jugée "osée" par les magistrats.
Le 21 février à minuit, la police municipale distingue une voiture en mauvais état boulevard de Lyon à Strasbourg. Sans feu arrière gauche, sans vignette d'assurance et avec le pot d'échappement qui traîne sur le bitume, ils décident d'arrêter le véhicule. A son bord, Ali K. ne peut présenter ni son permis de conduire ni d'autres papiers. C'est alors qu'une odeur d'alcool pousse les policiers à le contrôler. Il aurait fait mine de souffler à côté, ce qu'Ali K. nie.
L'ouvrier intérimaire dans les espaces verts est conduit au poste de police où l'éthylomètre indique 0,69 mg par litre d'air expiré soit presque sept fois la limite autorisée - 0,1 mg par litre d'air expiré - pour ce jeune conducteur. Placé en cellule de dégrisement puis en garde à vue, l'homme de 26 ans reconnaît la conduite en état d'ivresse. Il dit avoir consommé une vodka flash, petite flasque d'alcool, une vingtaine de minutes avant l'arrestation et que le véhicule appartient au frère d'un de ses amis.
"Vous exagérez de mettre cela en avant"
En comparution immédiate jeudi, le prévenu insiste sur le fait qu'il regrettait son geste. Il explique : "C'était l'anniversaire d'un ami, je n'habitais pas très loin. Je suis quelqu'un de bien, je sais les erreurs que j'ai faites et je fais tout pour m'améliorer". Ali K. a neuf mentions à son casier judiciaire surtout pour des faits d'outrage à personne dépositaire de l'autorité publique. Mais jeudi c'est surtout l'inscription, le 15 janvier 2015, d'une conduite en état d'ébriété qui interpelle le président du tribunal, Alain Hahn. Cette récidive amène par conséquent le procureur à demander quatre mois d'emprisonnement ferme.
Le prévenu est d'origine kényane. Son avocat, Etienne Steil, décide d'étayer la défense sur une actualité. Il fait référence à une enquête du Défenseur des droits rendue le 17 février qui stipule que "les jeunes noirs ou arabes ont 20 fois plus de chances d'être contrôlés par la police". Le président s'insurge contre cette ligne de défense, "vous exagérez de mettre cela en avant, d'autant plus que je ne comprends pas du tout le lien avec cette affaire". Le ton monte. L'avocat adoucit sa plaidoirie : "Monsieur le président, veuillez oublier le côté polémique et observer plutôt l'essoufflement de la courbe de délinquance de mon client".
En effet, depuis près d'un et demi, aucun délit n'a été inscrit à son casier judiciaire. Etienne Steil appelle à ce que la peine n'atteigne pas les réquisitions du procureur. Ali K. écope finalement de trois mois d'emprisonnement ferme. "Nous avons réduit la peine demandée par le procureur car nous avons noté des efforts, mais le taux d'alcoolémie élevé et la récidive nous obligent à sanctionner", conclut Alain Hahn.
Alexis De Azevedo