Trente-quatre banques italiennes ont vu leurs notes abaissées vendredi soir par l'agence de notation Standard & Poor's. Dans la foulée de cette dégradation spectaculaire, les valeurs bancaires italiennes se sont effondrées, vendredi, à la clôture de la bourse de Milan.Un coup dur pour l'économie italienne après une période d'apaisement.
L'Italie sera l'Etat de la zone euro qui devra emprunter le plus en 2012. (Photo: MPD01605)
UniCredit, Intesa Sanpaolo, Banca Nazionale del Lavoro et Mediobanca, les principales banques italiennes ont été dégradées à BBB+ avec perspective négative. Au total, 34 établissements ont été dévalués par l'agence de notation Standard & Poor's. Cette décision intervient alors que la plupart des banques italiennes éprouvent déjà des difficultés pour se financer sur les marchés.
Reflet de cette situation: UniCredit, la première institution financière du pays a perdu près de 40% de sa valeur boursière en quinze jours. L'établissement peine à trouver les 8 milliards d'euros nécessaires pour se conformer aux exigences de l'Autorité bancaire européenne (ABE). L'ABE exige que, d'ici juin 2012, les banques aient un montant de fonds propres en réserve qui représente au moins 9% de leur exposition aux risques.
La note de l'Italie avait été dégradée le 13 janvier par l'agence de notation, en même temps que la France et quatre autres pays européens. Le pays avait alors quitté le précieux secteur A pour rejoindre le clan des BBB. Standard & Poor's avait sanctionné l'Italie en raison du poids de sa dette qui représente 120% de son PIB soit 1900 milliards d'euros.
L'abaissement des notes des banques italiennes découle de cette première décision de l'agence de notation. Elles détiennent environ 60% de la dette italienne et dépendent donc fortement de la situation budgétaire du pays.
Paradoxalement, depuis la dégradation de sa note, l'Italie emprunte à moindre coût. Les taux d'emprunt à dix ans se situent aujourd'hui autour de 6% alors qu'ils atteignaient 7 %, fin 2011. Les changements politiques en Italie y sont pour beaucoup. Suite à la dégradation de la note italienne en janvier, le chef du gouvernement italien Mario Monti a fait adopter un vaste plan de libéralisation destiné à encourager la croissance.
Il a également placé son pays sous le signe de la rigueur. Ces mesures ont rassuré les investisseurs. « Vous avez pu voir, grâce à sa bonne gestion, à son expérience et sa connaissance de l'économie, qu'il a non seulement redonné confiance en Italie (...) mais qu'il a aussi été capable de générer la confiance à travers l'Europe, et sur les marchés », a souligné Barrack Obama, jeudi, lors d'une rencontre à la Maison Blanche avec Mario Monti. L'activité de la Banque Centrale Européenne y est aussi pour beaucoup dans l'amélioration des capacités de financement de l'Italie.
Toutefois, le pays est loin d'être tiré d'affaire. Malgré un faible déficit budgétaire (5.5%), l'Italie sera l'Etat de la zone euro qui devra emprunter le plus en 2012 (220 milliards d'euros). Le pays reste donc extrêmement sensible aux soubresauts des marchés.
Arthur de Laborde-Noguez