Près d'un millier de personnes ont défilé mardi matin dans les rues de Strasbourg pour dénoncer l'accord de sécurisation de l'emploi.
« Cet accord honteux et scandaleux va détruire le droit du travail », crache un mégaphone estampillé CGT. « Un régression sociale », assène un délégué FO. « Ils pourront baisser nos salaires », s'indigne un autre. A l'appel de la CGT et de Force Ouvrière, près de 1000 personnes ont défilé mardi matin dans les rues de Strasbourg pour clamer leur refus de l'accord sur la sécurisation de l'emploi. Ils ont aussi moqué la compromission de la CFDT, « coupable » à leurs yeux d'avoir signé l'accord.
Conclu le 11 janvier dernier par les organisations patronales et plusieurs syndicats dont la CFDT, l'accord a depuis été transformé en projet de loi. Celui-ci sera présenté mercredi en Conseil des ministres. Il prévoit de modifier en profondeur le code du travail. Si certaines mesures sont destinées à mieux protéger les salariés, d'autres donneront aux entreprises une plus grande marge de manœuvre pour se restructurer en cas de mauvaises conjonctures.
Principale mesure contestée par les manifestants : la possibilité pour les entreprises confrontées à de « graves difficultés conjoncturelles » de négocier une baisse des salaires ou de la durée de travail de leurs employés. Mais si le salarié refuse ces nouvelles conditions, il s'exposera à un licenciement individuel pour motif économique. Secrétaire départemental de la CGT, Jacky Wagner craint cette évolution. Elle risque de « détourner le licenciement économique de son objet ».
Dans le cortège strasbourgeois, les mots sont durs envers la CFDT et le Parti Socialiste, accusés de céder aux exigences du MEDEF. Le choix du gouvernement de favoriser la flexibilité du marché du travail, réclamé à cor et à cris par le MEDEF, mène à l'impasse, d'après Jacky Wagner.
Le projet de loi qui retranscrit l'acccord sera discuté en procédure d'urgence à l'Assemblée nationale début avril. Puis débattu au sénat fin avril. « Début mai, ce texte sera applicable », promet le ministre du Travail, Michel Sapin. Les syndicats réclament un abandon pur et simple du texte. Mais savent leur lutte « compliquée ». Et certaines voix espèrent que des amendements rendront le texte conforme à leurs attentes.
Rémy Dodet et Etienne Grelet