Les caisses d'allocations familiales du Haut Rhin seront fermées au public jusqu'au 17 février. Les salariés demandent une trêve pour pouvoir traiter le trop plein de dossiers. Mais la trêve ne règle pas le manque criant d'effectifs.
Le grand nombre de dossiers à traiter entraîne la fermeture des CAF du HAut-Rhin. (crédit photo: flickr/zigazou76)
Après la Caisse d'allocations familiales de Colmar, c'est celle de Mulhouse qui ferme ses portes au public ce lundi 6 février, et ce jusqu'au 17. Cette fermeture est une demande des salariés : 15 000 dossiers étaient "en retard" par rapport à la période de quinze jours au cours de laquelle ils doivent normalement être traités. "Au lieu de renforcer le nombre de personnes à l'accueil pour annoncer aux usagers que leurs dossiers avaient du retard, on a préféré fermer nos portes au public et repartir sur de bonnes bases", explique Alain Jeanville, directeur de la CAF 68.
La crise a rattrapé le Haut-Rhin, peu atteint jusqu'en 2009. Par rapport à janvier 2011, la CAF 68 doit traiter 10% de dossiers supplémentaires en janvier 2012. "Les salariés se prennent à la figure toute la demande sociale, ils se sentent impuissants. Pour cela, il y a besoin d'une bonne carapace mentale", poursuit Alain Jeanville.
Plus de travail avec le RSA
La mise en place du RSA est pour beaucoup dans l'augmentation des cadences. Avant, le RMI était une somme fixe, délivrée chaque mois aux chômeurs en fin de droit. Le montant du RSA, lui, est fonction des autres allocations touchées par les bénéficiaires. "Une véritable usine à gaz", déplore Christophe Faussaire, délégué CFTC de la CAF 68.
"Sur quatre usagers demandeurs du RSA, un seul est éligible, explique Alain Jeanville. De plus, depuis le 1er janvier 2012, les allocations adultes handicapés et parents isolés doivent être l'objet de réactualisations trimestrielles, et non plus annuelles, augmentant d'autant la charge de travail des employés ".
On demande également aux salariés de la CAF de participer à la "chasse à la fraude", incluse dans une nouvelle mission de "maîtrise des risques". Ils doivent recouper les demandes avec les fichiers du Pôle emploi et du fisc pour vérifier s'il n'y a pas d'incohérence. C'est autant de temps en moins pour leurs objectifs de productivité : traiter 3,5 dossiers par heure.
"Nous sommes de plus en plus soumis à la politique du chiffre, raconte Elisabeth, employée de la CAF de Strasbourg. Et si vous n'allez pas assez vite, on vous envoie un 'tuteur', qui surveille, au dessus de votre épaule, vos faits et gestes pendant une journée entière. La qualité est sacrifiée à la quantité."
Des effectifs constants
Si la mise en place du RSA avait donné lieu à dix nouvelles embauches dans le Haut Rhin, neuf départs en retraites n'ont pas été remplacés depuis. "Comme pour les fonctionnaires, le gouvernement veut faire diminuer notre masse salariale", regrette Christophe Faussaire.
"On sait bien que fermer la CAF nous permet de retrouver une certaine sérénité, mais ne fait que reporter les problèmes, affirme son directeur. Nous verrons ce qui se passera lors de la prochaine renégociation de notre budget avec l'Etat."
Elsa Sabado